La Chine a fustigé hier les comparaisons «insensées» établies par la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, entre la situation de l’Ukraine et de l’île de Taïwan, que veut récupérer Pékin, rapporte l’AFP. «Le fait que les autorités taïwanaises montent en épingle la question ukrainienne» et fassent mine de s’alarmer de la situation «est insensé», a réagi une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying. «Taïwan n’est certainement pas l’Ukraine. Taïwan a toujours été une partie inaliénable du territoire chinois. C’est un fait historique et juridique irréfutable», a-t-elle déclaré devant la presse.
A cette occasion, elle a aussi accusé les Etats-Unis de «mettre de l’huile sur le feu» en Ukraine, après la reconnaissance par Moscou de deux régions séparatistes de l’est du pays et l’annonce de sanctions par Washington. «Les Etats-Unis n’ont cessé de vendre des armes à l’Ukraine, augmentant les tensions, créant la panique et ils ont même exagéré le calendrier d’une guerre», a-t-elle déclaré. Et d’ajouter : «La question clé est de savoir quel rôle ont joué les Etats-Unis dans les tensions actuelles en Ukraine». «Quelqu’un qui jette de l’huile sur le feu, tout en accusant les autres, c’est quelqu’un d’immoral et d’irresponsable», a estimé la porte-parole de la diplomatie chinoise.
Interrogée sur la possibilité que la Chine impose des sanctions à la Russie, Mme Hua a jugé qu’elles «n’ont jamais été un moyen fondamentalement efficace pour résoudre les problèmes». Un peu plus tôt, la présidente Tsai Ing-wen a condamné la Russie, pour avoir ordonné l’envoi de troupes dans les territoires contestés d’Ukraine et a ordonné à l’armée taïwanaise de renforcer sa propre protection contre Pékin. Sans citer nommément l’Empire du Milieu, Mme Tsai a déclaré que des «forces extérieures tentent de manipuler la situation en Ukraine et d’affecter le moral de la société» à Taïwan.
Pékin a intensifié la pression militaire, diplomatique et économique sur Taïwan depuis l’arrivée au pouvoir, en 2016, de la présidente Tsai Ing-wen. Contrairement à son prédécesseur, cette dernière estime que l’île est une nation souveraine et ne fait pas partie de la Chine. Non reconnu comme Etat indépendant par les Nations unies jouissant d’un système politique démocratique. La Chine a adopté une attitude prudente à l’égard de l’Ukraine.
Au début du mois, Pékin et Moscou ont signé une déclaration commune dans laquelle les deux pays ont dénoncé l’influence américaine et le rôle des alliances militaires occidentales, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) et l’alliance entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis (Aukus), en Europe comme en Asie, les jugeant déstabilisatrices. Les deux pays, qui entretiennent des relations tendues avec Washington ont évoqué le rôle déstabilisateur des Etats-Unis pour la «stabilité et une paix équitable» dans le monde.
Dans cet esprit, ils ont exprimé leur «opposition» à «tout élargissement futur de l’Otan». Comme ils ont appelé «l’Alliance Atlantique nord à renoncer à ses approches idéologisées datant de la guerre froide». La Russie et la Chine défendent le principe de «l’indivisibilité de la sécurité», sur lequel Moscou se fonde pour réclamer un départ de l’Otan de son voisinage, estimant que la sécurité des uns ne peut se faire aux dépens de celle d’autres, en dépit du droit de chaque Etat à choisir ses alliances.
Moscou et Pékin dénoncent, en outre, «l’influence négative pour la paix et la stabilité dans la région de la stratégie indo-pacifique des Etats-Unis». Ils se disent aussi «préoccupés» par la création, en 2021, de l’alliance militaire des Etats-Unis avec le Royaume-Uni et l’Australie (Aukus), estimant que cette union, dénoncée déjà par l’Empire du Milieu, «touche à des questions de stabilité stratégique». Alors que les Etats-Unis considèrent comme une priorité leur compétition avec Pékin en Asie et dans le Pacifique.
Lors d’un entretien téléphonique le 27 janvier avec son homologue américain, Antony Blinken, le chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi, a défendu les «préoccupations raisonnables» de la Russie pour sa sécurité. Sans nommer l’Otan, il a observé que «la sécurité régionale ne saurait être garantie par le renforcement ou l’expansion de blocs militaires». Comme il a appelé «toutes les parties au calme, à s’abstenir d’accroître les tensions et monter la crise en épingle».