Le Parlement tunisien a annoncé hier la tenue d’une séance plénière mercredi, défiant ainsi le président Kaïs Saïed qui a suspendu la Chambre et s’est arrogé les pleins pouvoirs en juillet.
La tenue de cette séance a été décidée par le Bureau de l’Assemblée des représentants du peuple, une instance qui regroupe la présidence du Parlement et des représentants des partis y siégeant. Ce bureau «a décidé la tenue d’une séance plénière générale mercredi pour examiner l’annulation des mesures exceptionnelles (décidées par le président Saïed, ndlr) et une autre samedi consacrée à la situation financière et socio-économique dangereuse», selon un communiqué du Parlement.
Ce dernier, présidé par le chef du parti d’inspiration islamiste Ennahdha Rached Ghannouchi, ne précise pas si cette plénière aura lieu dans son siège, fermé depuis le coup de force du Président, ou en ligne. Après des mois de blocage politique, M. Saïed, élu fin 2019, s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet en limogeant le Premier ministre et en suspendant le Parlement. Le 22 septembre, il a formalisé son coup de force avec une série de «mesures exceptionnelles» qui lui permettent de gouverner par décret. La séance plénière annoncée risque d’exacerber la crise politique dans le berceau du Printemps arabe au moment où le pays fait aussi face à une grave crise socio-économique. Avant même l’annonce de cette séance, M. Saïed avait laissé entendre qu’il la ferait interdire, affirmant sur le ton de l’ironie aux députés qu’ils pouvaient se réunir «dans une navette spatiale».