Crise politique au Sénégal : Un deuxième mort dans les heurts à Dakar

11/02/2024 mis à jour: 21:31
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L’annonce du renvoi du scrutin a suscité la colère de l’opposition et de la population sénégalaises

Un deuxième manifestant est décédé après avoir été touché par balle dans des heurts lors des manifestations vendredi à Dakar contre le report de la présidentielle, ont indiqué hier à l’AFP son frère, qui était avec lui au moment des faits, et son beau-frère. Modou Guèye, 23 ans, a reçu «une balle réelle au ventre», à Colobane, un quartier de Dakar, a dit Dame Guèye. «Il a succombé à ses blessures ce matin», a aussi indiqué Mbagnick Ndiaye, son beau-frère. Il est le deuxième mort de la mobilisation au Sénégal. 

Des manifestations contre ce report et le pouvoir du président Macky Sall ont eu lieu vendredi à Dakar ainsi que dans plusieurs villes du pays, notamment à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, où un étudiant en deuxième année de licence de géographie est décédé. Sa mort a été confirmée par un employé de l’hôpital régional. A Dakar, la police a fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les centaines de personnes qui cherchaient à se rassembler aux abords de la place. 

Cette mobilisation sur tout le territoire sénégalais est la première contestation d’ampleur depuis le report du scrutin présidentiel, initialement prévu le 25 février, qui a ouvert une grave crise politique au Sénégal et plongé le pays dans une période d’incertitude. «Les Sénégalais doivent s’indigner, et plus seulement sur les réseaux sociaux», a déclaré l’un des candidats à la présidentielle, Thierno Alassane Sall. 

Dans la commune de Nioro du Rip, à quelque 250 km à l’est de Dakar, une manifestation d’environ 200 personnes a également été dispersée par la police. A la mosquée Masjidounnour de Dakar, pour la grande prière musulmane du vendredi, l’imam Ahmed Dame Ndiaye s’est insurgé contre la situation politique. «Même le Président peut faire des erreurs, et dans ce cas c’est à nous de lui dire la vérité», a-t-il estimé, ajoutant que «personne n’a le droit de regarder la société en train d’être détruite».

Manigance

Le report de la présidentielle de 10 mois a suscité l’indignation de l’opposition, laquelle y voit un «coup d’Etat constitutionnel». Elle soupçonne une manigance pour éviter la défaite du candidat du camp présidentiel, voire pour maintenir le président Sall à la tête du pays encore plusieurs années. Un collectif de 14 candidats de l’opposition a déposé dans l’après-midi un recours devant la Cour suprême. Les tentatives de manifestation depuis l’annonce du report ont été réprimées et des dizaines de personnes interpellées. Le collectif Aar Sunu Election (Protégeons notre élection) prévoit une autre manifestation mardi. Une douzaine de candidats opposés au changement de calendrier, sur les 20 retenus par le Conseil constitutionnel, ont exprimé leur souhait d’une convergence avec la société civile. 

Le président Sall a décrété samedi dernier le report de la présidentielle, trois semaines seulement avant l’échéance, en pleine bagarre politique sur les candidatures retenues ou écartées pour le scrutin. L’Assemblée nationale a approuvé lundi un ajournement au 15 décembre. Elle a aussi voté le maintien de Macky Sall au pouvoir jusqu’à la prise de fonctions de son successeur, vraisemblablement début 2025. Le deuxième mandat du Président sortant expire officiellement le 2 avril. Après avoir entretenu le doute pendant des mois, il a répété à différentes reprises, et mercredi soir, l’engagement pris en 2023 de ne pas se représenter.

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