Crise politique au Sénégal : Appel à la libération d’un candidat à la présidentielle incarcéré

19/02/2024 mis à jour: 16:55
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Les soutiens de Bassirou Diomaye Faye, candidat d’opposition incarcéré lors de la présidentielle reportée au Sénégal, ont exigé sa «libération sans délai» au nom «de l’égalité de traitement», selon l’AFP citant un communiqué. 

«Tous les candidats doivent être soumis au principe constitutionnel de l’égalité de traitement. C’est pourquoi la libération sans délai du candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye est une exigence populaire et respectueuse de la Constitution», a indiqué le communiqué de Diomaye Président, de la coalition qui le soutient, rendu public hier. Elle a relevé également «la nécessité de libérer urgemment le président Ousmane Sonko, leader de l’opposition». 

Ce dernier est le dirigeant du parti d’opposition dissous Pastef, dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel qui avait en revanche retenu celle de B. Faye, son numéro deux. Ousmane Sonko est écroué depuis juillet 2023 pour «appel à l’insurrection», «association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste» et «atteinte à la sûreté de l’Etat». Bassirou Diomaye Faye est lui en détention préventive depuis avril 2023. Le fait qu’il n’ait pas encore été jugé et condamné est apparemment la raison pour laquelle sa candidature avait été retenue par le Conseil constitutionnel.

Fin janvier, l’Union européenne (UE) a jugé «très important que les candidats qui ont été retenus par le Conseil constitutionnel puissent faire campagne en toute égalité» avec leurs adversaires. Plusieurs dizaines d’opposants ont été libérés ces derniers jours, un geste d’apaisement du régime du président Macky Sall qui ne reconnaît pas l’existence de prisonniers politiques au Sénégal. 

«Tout en se félicitant de la libération des détenus politiques», la coalition Diomaye Président «demande que tous les prisonniers politiques encore injustement incarcérés soient immédiatement libérés». La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) s’est félicitée dans un communiqué de la libération de ces personnes «injustement» détenues, pour certaines depuis plus de deux ans. 

«Selon des sources concordantes, 664 détenus auraient recouvré la liberté et rejoint leurs familles» entre jeudi et vendredi, selon la Raddho. «Cette vague de libérations ne doit pas nous faire oublier que la plupart des personnes qui ont retrouvé aujourd’hui la liberté avaient été arbitrairement arrêtées et illégalement détenues dans des conditions extrêmement inhumaines», a affirmé le communiqué. 

L’ONG a jugé «impératif, dans un pays dont la Constitution proclame que la personne humaine est sacrée et inviolable et que l’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger, que les conditions d’arrestation et de détention des personnes soient respectueuses de la dignité humaine».Le Sénégal est entré en crise début février, à la suite du  report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février, au 15 décembre. Cet ajournement a été invalidé jeudi par le Conseil constitutionnel qui a exigé que le scrutin se tienne «dans les meilleurs délais», une décision que s’est engagé à respecter le président Sall, dont le mandat de cinq ans expirera le 2 avril.
 

Pays de l’Afrique de l’Ouest, le Sénégal proclame alors son indépendance le 20 août 1960 et se donne une nouvelle Constitution, de type parlementaire. En 1962, les tensions montent entre le président Senghor et le chef de gouvernement Mamadou Dia, plus ancré à gauche et qu’il accuse de tentative de coup d’Etat. A la fin de la même année, Senghor fait emprisonner Dia. 
 

Convulsions

En avril 1963, une nouvelle Constitution est adoptée, qui supprime le poste de Premier ministre et établit un régime présidentiel. Senghor parvient progressivement à mettre la gauche au pas. 

Un  embryon de guérilla menée par le Parti africain de l’indépendance (PAI) est neutralisé au Sénégal oriental en 1965. Cette fermeture politique n’empêche pas la montée des tensions. En 1968, Dakar est secoué par une vive contestation étudiante et syndicale. Les ambitieux projets de l’Etat pour le développement agricole, touristique et industriel ne se concrétisent pas. 

De 1960 à 1973, le Sénégal n’a connu officiellement qu’un seul parti. Il s’agit de l’Union Progressiste Sénégalaise créée en 1958 par L.S. Senghor et Lamine Guèye. 

En 1974 est instaurée une ouverture au multipartisme toutefois contrôlée. En 1979, le Sénégal est contraint d’entamer des négociations avec le FMI pour un plan d’ajustement structurel. Senghor décide de quitter le pouvoir le 31 décembre 1980. Il est remplacé par son ancien Premier ministre, Abdou Diouf, qui remporte sa première élection en 1983, puis gagna les autres scrutins de 1988 et 1993. 

Durant sa première année au pouvoir, il consacre le multipartisme.  En 1988, Diouf réélu avec 73% des voix fait arrêter Abdoulaye Wade, son principal opposant qu’il accuse de violence pendant les élections. Condamné à un an de prison, ce dernier s’exile en France. En mars 1991, l’Assemblée nationale sénégalaise approuve la participation au gouvernement des partis d’opposition. Wade est nommé Premier ministre. Diouf  restera au pouvoir jusqu’en 2000, année où il perdra le scrutin face à ce dernier. 

La victoire de Wade est loin d’atténuer la violence sur la scène politique. En octobre 2003, l’homme politique Talla Sylla, opposant à Wade est ciblé par une tentative d’assassinat. En 2012,  Wade se présente pour un troisième mandat. Cette candidature, jugée anticonstitutionnelle, provoque des troubles qui occasionnent plusieurs morts à l’occasion de manifestations de l’opposition et la société civile. Il est battu par son ancien Premier ministre, Macky Sall, et ancien président de l’Assemblée nationale, devenu le quatrième président de la République du Sénégal la coalition Diomaye Président avec 65,8% des voix au second tour.

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