Crise énergétique : Les syndicats européens sonnent l’alerte

07/09/2022 mis à jour: 00:35
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La hausse du prix de l’électricité et du gaz rend les factures d’énergie de millions d’Européens inabordables, a alerté hier la Confédération européenne des syndicats (CES) dans un communiqué. «Quelque 9,5 millions d’actifs avaient déjà des difficultés à acquitter leurs factures d’énergie» avant que l’inflation ne s’envole pour atteindre le niveau record de 9,1% sur un an en août dans la zone euro, affirme la CES, qui se base sur une étude de l’Institut syndical européen. 

De juillet 2021 à juillet 2022, le coût du gaz et de l’électricité a augmenté de 38% à travers l’Europe, «et il continue à grimper». En conséquence, dans 16 Etats membres de l’Union européenne (UE), dont la France, «les travailleurs payés au salaire minimum doivent mettre de côté l’équivalent d’un mois de salaire, voire plus, pour continuer à s’éclairer et se chauffer à domicile», déplorent les syndicats. 
 

En 2021, ce n’était le cas que dans huit des 27 Etats membres de l’UE. En 2022, un actif estonien doit ainsi travailler 26 jours de plus qu’en 2021 pour payer sa facture énergétique annuelle, et un actif néerlandais 20 jours supplémentaires. En Slovaquie, en Grèce, en République tchèque et en Italie, «la facture moyenne d’énergie annuelle représente désormais plus d’un mois de salaire pour un actif payé au salaire moyen» de son pays, détaille la CES. «Quand votre facture annuelle coûte plus d’un mois de salaire, il n’existe pas d’astuces pour économiser de l’argent», s’alarme la secrétaire générale adjointe de la CES, Esther Lynch, citée dans le communiqué. 
 

«Les prix ne sont pas supportables» 
 

Selon elle, «ces prix ne sont tout simplement pas supportables pour des millions de citoyens». Les syndicats appellent donc les gouvernements européens, qui se réuniront en fin de semaine à Prague pour discuter des sujets énergétiques, à «mettre un terme aux hausses de prix insoutenables». Dans un plan en six points à l’adresse des décideurs du continent, ils demandent d’augmenter les salaires, en particulier les salaires minimaux. La CES appelle aussi à plafonner les factures d’énergie et à taxer les «bénéfices exceptionnels» des entreprises énergétiques. Paris et Berlin ont poussé ces derniers jours pour une simple «contribution», non fiscale, de ces entreprises. «Les responsables politiques doivent se saisir de cette crise avant qu’elle ne coûte des vies cet hiver», insiste Esther Lynch.
 

La crise énergétique qui frappe l’Europe de plein fouet et la guerre en Ukraine font les affaires de la Russie. Moscou a ainsi engrangé 158 milliards d’euros de revenus tirés des exportations d’énergies fossiles en six mois de guerre, profitant de cours élevés, selon le rapport d’un centre de recherche indépendant publié hier, qui appelle à des sanctions plus efficaces. «La flambée des cours des énergies fossiles signifie que les revenus actuels de la Russie sont bien au-dessus de ceux des années précédentes en dépit des réductions des volumes exportés», souligne le rapport du Centre For Research On Energy And Clean Air (CREA), basé en Finlande. 

Les cours du gaz se sont envolés à des niveaux historiques en Europe tandis que ceux du pétrole ont fortement grimpé au début de la guerre avant de reculer plus récemment. «On estime que les exportations d’énergies fossiles ont contribué pour 43 milliards d’euros au budget fédéral russe», ont calculé les auteurs. Ces chiffres ont été estimés sur les six premiers mois de la guerre qui a suivi la guerre en Ukraine. Sur cette période, le CREA estime que le premier importateur des énergies fossiles russes a été l’Union européenne (pour 85,1 milliards d’euros), suivie par la Chine et la Turquie. L’UE a décidé d’un embargo progressif sur ses importations de pétrole et de produits pétroliers. Elle a aussi déjà mis fin à ses achats de charbon, mais le gaz russe, dont elle est très dépendante, n’est pour l’instant pas concerné. Le CREA juge en revanche que des règles «plus fortes» doivent être mises en place pour éviter que le pétrole russe n’entre sur des marchés sur lesquels il est censé être interdit.

 Les sanctions occidentales sont aujourd’hui trop aisément contournées, selon lui. A rappeler que les pays du G7 ont décidé vendredi de plafonner «urgemment» le prix du pétrole russe, un mécanisme complexe à mettre en place et destiné à porter un nouveau coup à la manne énergétique de Moscou. 

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