Crise énergétique : Le prochain hiver force certains pays au retour au charbon

21/08/2022 mis à jour: 02:48
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L’Agence internationale de l’énergie (AIE) anticipe un bond de la demande en charbon pour 2022, voire 2023.

Une crise énergétique sans précédent est en train de secouer le monde. Elle est plus accentuée en Europe notamment, et ce, suite au conflit armé russo-ukranien. L’économie mondiale déjà mise à mal par la pandémie de Covid-19 semble connaître de sombres perspectives.

Des chamboulements en profondeur sont nés de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine. Fait inédit, plusieurs pays européens sont en train de faire une reconversion vers le charbon, au point où l’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit un bond de la demande en charbon pour l’année 2022, voire même en 2023.

La crise en Ukraine a fait exploser le prix du gaz et les livraisons en dents de scie depuis la Russie inquiètent les capitales européennes, soucieuses de passer l’hiver en toute sécurité.

En effet, et en prévision de l’hiver, plusieurs pays européens (Allemagne, Autriche, République Tchèque, Italie, Espagne, Hongrie, Grèce, Pays-Bas) ont annoncé la réouverture ou le recours accru à leurs centrales à charbon, de façon provisoire, pour réduire leur utilisation de gaz. En France, c’est la septuagénaire centrale Emile Huchet, implantée à Saint-Avold (Moselle), qui pourrait reprendre du service, a indiqué l’AFP.

Autrefois stigmatisé pour ses méfaits écologiques, le charbon redevient une alternative capable d’assurer une production d’électricité continue alors que l’Europe redoute des pénuries d’électricité l’hiver prochain.

Des craintes ravivées et justifiées d’ailleurs suite à l’annonce par le géant gazier russe Gazprom de suspendre les livraisons de gaz du 31 août au 2 septembre pour des raisons de «maintenance».

Cette interruption des livraisons de gaz à l’Europe par le gazoduc Nord Stream 1 pendant trois jours a mis la pression sur des pays européens qui s’efforcent désormais de diversifier leurs approvisionnements.

La Russie représentait jusqu’à l’an dernier quelque 40% des importations gazières de l’UE. Ces dernières semaines, la Russie a justifié ces coupes par la non-restitution d’une turbine Siemens réparée au Canada, que Moscou présente comme essentielle au bon fonctionnement du gazoduc Nord Stream 1.

Les pays européens de leur côté accusent Moscou de retarder le retour de cette turbine pour pouvoir prétexter une réduction de ses livraisons et ainsi faire pression sur eux.

L’électricité produite à partir du charbon moins chère que celle au gaz

Pour continuer de s’approvisionner, l’Union européenne, qui importe 45% de son charbon de Russie mais a décrété un embargo total sur le charbon russe à partir du 10 août, a commencé à se tourner vers de nouveaux fournisseurs (Tanzanie, Kazakhstan, Nigeria, Afrique du Sud…).

Il est par ailleurs intéressant de noter que le charbon redevient ces dernières semaines plus rentable que le gaz quand il s’agit de produire de l’électricité. Malgré des prix en hausse des contrats à terme depuis le début de la guerre en Ukraine (382,5 dollars la tonne sur le hub de Rotterdam au 28 juillet), «les marges des centrales au charbon ont fortement augmenté ces derniers mois, la flambée des prix du gaz ayant propulsé les prix de l’électricité à des sommets historiques, avec même les unités au charbon les plus anciennes devançant le gaz moderne dans l’ordre de mérite», indique S&P Global, qui a calculé dans une enquête datée du 25 juillet que «les coûts de production au gaz pour une unité efficace à 50% ont été évalués à 386,02 euros/MWh pour le trimestre à venir, contre 193,40 euros/MWh pour les unités au charbon efficaces à 35%».

«Sur la base des tendances actuelles de l’économie et du marché, la consommation mondiale de charbon devrait augmenter de 0,7% en 2022 pour atteindre 8 milliards de tonnes, en supposant que l’économie chinoise se redresse comme prévu au second semestre», indique l’organisation internationale basée à Paris, qui estime que «ce total mondial égalerait le record annuel établi en 2013», juste au-dessus de 8 milliards de tonnes.

En 2021 déjà, en raison de la reprise économique post-crise du Sars-CoV-2, la demande en charbon avait rebondi de 5,8% pour atteindre 7,9 milliards de tonnes.

Même la Chine recourt au charbon. Sa production de charbon brut a enregistré une expansion rapide en juillet avec une hausse de 16,1% en glissement annuel, selon les données officielles.

Le pays a produit 370 millions de tonnes de charbon brut le mois dernier. Selon le Bureau d’Etat des statistiques, la croissance en juillet était supérieure de 0,8 point de pourcentage à celle du mois précédent.

Au cours des sept premiers mois de l’année, la production était en hausse de 11,5% en base annuelle pour atteindre 2,56 milliards de tonnes, a précisé le bureau. Les importations de charbon de la Chine ont atteint 138,52 millions de tonnes entre janvier et juillet, soit une baisse de 18,2% en glissement annuel. M. M. et Agences


 

 

 

 

 

 


 


 

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