Crédit suisse : «Le système bancaire suisse ne s’est pas adapté au nouveau monde»

22/02/2022 mis à jour: 03:59
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Les révélations sur la banque Crédit suisse mettent en relief «le déni» et «le laxisme» du système bancaire national face à l’argent douteux, selon le professeur de politique économique internationale à l’Université de Londres et spécialiste des paradis fiscaux, Ronen Palan, dans un entretien à l’AFP.

Selon lui, les nouvelles révélations d’un consortium de journalistes visant Credit suisse «montrent que Crédit suisse, et probablement le système bancaire suisse, ne s’est pas adapté au nouveau monde. Les banques suisses ont par le passé généralement servi à des clients fortunés, parfois du tiers-monde, à cacher des fonds issus de détournements ou de la corruption. Généralement, la Suisse ne coopérait jamais. Bien sûr, dit-il à l’AFP, ces banques affirment qu’elles ont changé sur le secret bancaire, qu’elles se modernisent».

Or, il y a de «sérieux doutes sur cette mue». «Ces révélations montrent que, même si elles essaient, elles n’y parviennent pas car elles ne sont pas assez volontaires», estime Ronen Palan, qui affirme que «depuis de nombreuses années, leur modèle commercial consiste en partie à opérer dans certains pays largement corrompus, tels que l’Egypte ou la Thaïlande».

Pour lui, la banque – qui se défend en soutenant que les pratiques douteuses relèvent du passé – est «dans un déni institutionnel, car l’argent issu de la criminalité et du blanchiment n’était pas plus légal ou moralement acceptable dans le passé que dans les années récentes». «Là où Crédit suisse a clairement failli, c’est sur la question des règles de conformité. Chaque banque doit s’assurer qu’elle connaît son client et l’origine de ses fonds», explique le spécialiste à l’Agence France presse.

«Crédit suisse aurait dû savoir que ces clients étaient suspects», ajoute Ronen Palan, pour qui, «dans les faits, elle le savait très probablement et elle a fait preuve de cupidité, de laxisme et de faiblesse». Concernant l’échange d’informations entre pays, la difficulté, selon lui, est qu’«il fonctionne en supposant que le gouvernement dans lequel un citoyen est basé fasse quelque chose des informations fournies». «Ces affaires ont un effet cumulatif et nettoient le système progressivement», affirme l’expert, mais «pas complètement, car certaines personnes essaieront toujours de cacher de l’argent et certains Etats chercheront toujours à en bénéficier»

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