Création musicale franco-algérienne à Avignon : Brassens version chaâbi

18/05/2024 mis à jour: 23:25
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Spectacle Brassens à Alger. A la fête de la Marseillaise, sur l’île de la Barthelasse, à Avignon. Dimanche 19 mai à 16h

Il y a quelques années en 2018, l’Algérien Djamel Djenidi avait déjà étonné le public en réinterprétant l’hymne national français La Marseillaise avec des paroles empreintes d’humanisme sous le signe de la fraternité, notamment avec les migrants, sur une tonalité jazz en fonds musical.

 Il entonne au refrain «La flamme qui nous éclaire Traverse les frontières Partons, partons, amis, solidaires. Marchons vers la lumière». Quelques années plus tôt, en 2007, il avait créé à Montpellier l’orchestre El Djamila. 

Entre musique hispanique, arabo-andalouse et airs populaires français. 

Natif de Hammam Guergour (Sétif), arrivé en France à l’âge de 18 ans, Djamel Djenidi, du haut de ses 73 ans qu’il ne fait pas, profite de sa retraite depuis quelques années pour s’adonner pleinement à la musique, un univers qu’il a toujours côtoyé en dilettante. «Brassens, j’ai presque appris le français avec lui lorsque j’avais cinq ans en Algérie, c’est ce que j’explique sur la scène. Sa musique et ses paroles m’ont toujours attiré», nous explique-t-il. 

Pierre Bernon d’Ambrozio, passionné de musique jazz manouche et musiques du monde, multi-instrumentiste, l’avait déjà accompagné pour les arrangements et l’instrumentalisation de sa Marseillaise. Avec lui, il produit des arrangements originaux pour les chansons de Brassens autour desquelles un album était paru en 2014 De Sète à Alger. Si sa Marseillaise était un plaidoyer pour l’accueil des migrants, Djenidi, Bernon et leur cinq acolytes de l’ensemble musical fructifient sur scène avec hardiesse l’œuvre poétique mais iconoclaste de Georges Brassens en l’actualisant aux airs de la musique populaire algéroise dite «chaâbi», dans un spectacle intitulé Brassens à Alger. 

Dans un élan et une admiration réciproque, ils parviennent à rappeler le style des ensembles algérois avec les instruments locaux typiques : oud’, banjo et mandole, et avec aussi guitare, accordéon, et bien sûr contrebasse chère à Brassens


UN SUBTIL MELANGE DE CULTURES

L’ensemble propose ainsi «aux arabophones de découvrir les mélodies et les textes de Georgs Brassens, et aux francophones de succomber au charme exquis du chaâbi algérien», écrivait Djenidi sur la couverture d’un album sur lequel il chantait en arabe ou en français, quelques airs connus de Brassens. Le groupe El Djamila a fait plusieurs acènes en France, dont celle du festival Off d’Avignon, où le spectacle a été créé en juillet 2022, et une date mémorable en Algérie la même année à l’invitation de l’Institut français d’Alger. «Ce sont des chansons populaires, que tout le monde chantonne», expliquait récemment Pierre Bernon au quotidien La Marseillaise : «Elles s’appuient sur des textes poétiques comme des choses de l’existence au quotidien. C’est l’équivalent du chaâbi en Algérie». 

Dès lors, la jonction prend avec le public et sous les youyous, le subtil  mélange des cultures en produit une nouvelle, métissée à souhait. Le spectacle a toujours trouvé un public heureux de plonger avec délectation dans cette si plaisante sonorité algéroise, tout en goûtant la subtilité des paroles et aux harmonies du chanteur sétois, que ce soit en version originale française ou traduite aux bons soins de Djamel Djenidi. 

Entre chaque chanson, il conte son histoire personnelle et comment il est tombé en amour pour ces chansons. Un étonnant itinéraire humain et culturel entre Algérie et France, entre Brassens et le chaâbi algérois.
 

France 
De notre correspondant  Walid Mebarek
 

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