Covid-19 : Les écoles fermées durant 10 jours

20/01/2022 mis à jour: 01:01
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Photo : D. R.

 Les syndicats des enseignants estiment que l’instruction interministérielle de janvier 2021, liée aux mesures de fermeture en cas  de contamination en milieu scolaire, est «impossible» à appliquer.

C’est l’alerte générale dans les établissements scolaires. En effet, beaucoup de cas de contamination dans les rangs du personnel éducatif et surtout des élèves transforment les écoles en foyers de la Covid-19. Plusieurs structures, tous cycles confondus, sont touchées.

Des classes sont fermées et des élèves renvoyés chez eux pour suspicion ou confirmation d’atteinte de la Covid-19. «Nous sommes tous ‘‘covidés’’ et ma fille ne va pas à l’école depuis hier. Sa classe est pratiquement toute contaminée», s’alarme Fatiha, maman de 4 enfants, tous scolarisés.

La pandémie est même arrivée dans les crèches et garderies d’enfants. Amel, jeune employée, a dû faire le dépistage de la Covid-19 parce que son neveu de 5 ans a été testé positif. «Il ne va nulle part à part la crèche. Nous avons très peur pour lui, surtout qu’il présente un début d’asthme et une grande fragilité vis-à-vis des virus», s’inquiète-t-elle.

Y a-t-il justement lieu de s’inquiéter  ? La réponse est évidente, surtout que l’Algérie est à plus de 1300 cas confirmés par jour. «Dans les écoles, c’est la même situation. Les classes ne sont qu’un échantillon de ce qui se passe dehors. Les cas sont de plus en plus nombreux et les écoles se ferment une à une.

Nous ne comprenons pas pourquoi les vacances ont été rallongées d’une semaine alors que la situation était maîtrisable. Maintenant, en plein pic, où des écoles sont devenues de véritables clusters, aucune décision n’a été prise. Il faut que les autorités se prononcent et réagissent», estime Yacine Ouelmouhoub, secrétaire national du Syndicat des inspecteurs de l’éducation nationale (SIEN).

Même son de cloche au Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste). Messaoud Boudiba, son porte-parole, estime que l’instruction interministérielle de janvier 2021, liée aux mesures de fermeture en cas de contamination en milieu scolaire, est «impossible» à appliquer.

La cause  : la forte contagiosité du virus. «La situation est très grave. Elle nécessite la prise rapide de décision, à savoir la suspension immédiate des cours pendant 10 jours afin de désinfecter les établissements et mettre en place tous les moyens humains et matériels pour appliquer le protocole sanitaire.

Ce sera aussi une période pour les dépistages. La vaccination en cette période n’est pas une priorité. Nous demandons la transformation des unités de dépistage et de suivi (UDS) en lieux d’analyses gratuites permettant de connaître réellement qui est atteint de la Covid-19 et qui ne l’est pas», suggère le syndicaliste, qui estime que les chiffres donnés ne reflètent pas la vérité.

Justement, dans ce sens, Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef), considère qu’en absence de test, il est impossible de se prononcer sur la gravité de la situation. Il appelle les hautes autorités du pays à mettre à la disposition des élèves et des fonctionnaires de l’éducation des tests PCR gratuits.

«Nous naviguons à vue»

«En ce moment, nous naviguons à vue et c’est l’anarchie totale. Des élèves qui refusent de rejoindre les bancs de l’école, des enseignants livrés à eux-mêmes et des directeurs en manque d’autorité. Est-il concevable et acceptable d’octroyer 3 tests PCR pour un collège de 1000 élèves et de 100 fonctionnaires ? L’Etat doit assurer les moyens nécessaires pour faire face à cette pandémie, car c’est une question de santé publique», souligne M. Amoura, qui plaide pour une fermeture au cas par cas des écoles étant donné que la pandémie n’a pas touché tous les établissements.

Du côté des parents d’élèves, la solution est plus simple. Ils plaident directement pour un confinement de 10 jours (soit deux semaines d’étude) afin de pouvoir faire les dépistages nécessaires et aussi désinfecter les établissements. «Nous sommes contre la prise d’un tel risque. Les interruptions aléatoires auront des résultats catastrophiques sur nos enfants. Qui prendra en charge la récupération du retard ?

Une période de confinement pour tout le monde permettra de consacrer l’égalité des chances et aussi de désinfecter les établissements, de faire les dépistage et de connaître les vrais chiffres», estime Ali Benzina, président de l’Organisation nationale des parents d’élèves.

«Il y a urgence, il faut une solution», lance le coordinateur national du Syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapeste), Meziane Meriane, qui a interpellé les autorités nationales quant à la situation pandémique inquiétante dans les écoles.

Pour lui, l’équation est dans les deux sens : société et école. Selon ses propos, il est impossible de venir à bout de cette pandémie si l’anarchie et le manque de respect du protocole sanitaire «continuent dans la rue». Il argumente sa position par le fait que les enfants, après 16h, sont entassés dans les bus de transport scolaire.

Pour lui, le regard doit être porté sur la société avant d’être porté sur les écoles. Face à la situation qui prévaut dans les établissements scolaires, les autorités ont décidé hier de fermer les écoles (tous paliers confondus) pour une dizaines de jours et cela à compter d’aujourd’hui. 

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