Covid-19 et protection par l’immunité collective : La stratégie «zéro Covid» est vouée à l’échec

21/03/2022 mis à jour: 05:53
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Y a-t-il un risque d’un nouveau départ de la pandémie, malgré la vaccination et les nombreuses contaminations à l’Omicron dans le monde et en Algérie ?

Un rebond du nombre de cas de contamination à la Covid-19 est constaté dans certains pays d’Asie, particulièrement en Chine, qui n’a pas connu autant de cas positifs depuis l’apparition de la pandémie à Wuhan en 2019. 

Des millions de personnes sont confinées depuis la semaine dernière. La France enregistre également une remontée des cas après la cinquième vague de janvier, alors que toutes les restrictions sanitaires ont été levées depuis la mi-mars. Y a-t-il un risque d’un nouveau départ de la pandémie malgré la vaccination et les nombreuses contaminations à l’Omicron dans le monde et en Algérie ? Peut-on considérer que l’immunité collective acquise par l’infection ou par la vaccination est encore protectrice ? 

Pour le Pr Kamel Djenouhat, la situation actuelle qui sévit en Chine n’est pas un rebond mais «il s’agit plutôt de la vague Omicron qui vient d’arriver chez eux. En effet, nous l’avons dit à maintes reprises que la stratégie ‘‘zéro Covid’’ n’a aucun sens et le confinement ou la fermeture des frontières retarde mais ne prévient pas l’arrivée de la vague, c’est ce que cette pandémie Covid nous a appris. C’était l’erreur commise par ces pays asiatiques, la même analyse est valable pour la Nouvelle-Zélande et l’Australie». Par ailleurs, la situation en France est, selon lui, différente. «Il s’agit effectivement d’un léger rebond qui va s’estomper dans les jours à venir. 

C’est la conséquence directe constatée lors de la levée des restrictions, engendrant la contamination des personnes n’ayant pas encore contracté le variant Omicron. Tous les pays ont constaté ce rebond juste après l’allégement des mesures restrictives», a-t-il indiqué. Et de souligner : «Si on se retourne vers les premiers pays qui ont vécu la vague Omicron, à l’instar de l’Afrique de Sud, la Grange-Bretagne et les Etats-Unis, nous constatons qu’aucun rebond de la pandémie n’a été enregistré à ce jour.» 

Concernant la durée de l’immunité anti-SARS-CoV-2, le Pr Djenouhat signale que la plupart des experts et des études «rapportent que la durée moyenne de l’immunité post-vaccinale est de l’ordre de trois à quatre mois, alors que celle acquise par l’infection naturelle dure six mois au minimum», a-t-il précisé. 

Et de rappeler que «le nombre de personnes immunisées par l’infection naturelle SARS-CoV-2 au variant Omicron est très élevé en Algérie, en plus de l’immunité post-vaccinale, ajoutant à cela l’efficacité de l’immunité acquise par l’infection naturelle qui reste peu sensible ou peu affectée par les mutations de la protéine Spike». 

Le Pr Djenouhat estime que, suite à ces données scientifiques, «nous pouvons qu’être rassurés par rapport à l’avenir de la pandémie chez nous et dans le monde. C’est la raison pour laquelle plusieurs experts prédisent la fin de la pandémie, qui va switcher vers une forme endémique et fort probablement saisonnière». 

Par ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé a fait part, en cette fin de semaine, de son inquiétude face à la remontée des cas de Covid dans le monde, alors même que les gens se font de moins en moins dépister. «Au cours de la semaine dernière, nous avons constaté une augmentation de 8% des cas détectés, avec plus de 11 millions de cas signalés à l’OMS, et ce, malgré une réduction significative des tests de dépistage dans le monde», a déclaré l’experte de l’OMS, Maria Van Kerkhove, lors d’une conférence de presse. Et d’estimer que la recrudescence du nombre de cas est le résultat d’une «combinaison de facteurs». 

La vague d’infections est en grande partie alimentée par le sous-variant BA.2 d’Omicron, qui déjà supplante son frère BA.1 dans certains pays. Sans conteste, BA.2 «est le variant le plus contagieux du virus SARS-CoV-2 que nous ayons vu jusqu’à maintenant», a insisté Mme Van Kerkhove. 

A cela vient s’ajouter la levée des mesures sanitaires prises contre la Covid dans de nombreux pays, qui donne au virus «l’occasion de se propager», ainsi qu’une couverture vaccinale incomplète dans de nombreuses régions du monde. 

L’experte de l’OMS déplore la désinformation sur la Covid-19 qui circule à des niveaux très élevés : certains disent qu’Omicron est bénin et qu’il s’agit du dernier variant auquel le monde sera confronté, d’autres que la pandémie est terminée… «tout cela est à l’origine d’une grande confusion», qui profite au virus. Elle rappelle que le monde dispose des moyens pour y faire face, avant d’insister sur son credo : masque, distanciation physique, vaccins, dépistage, traitements. 

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