Des corps exhumés et retrouvés en morceaux dans le maquis au lieu d'être incinérés: un croque-mort a été condamné mardi 10 janvier à Bastia à six mois de prison avec sursis pour «atteinte à l'intégrité de cadavres». L'entrepreneur de pompes funèbres a par contre été relaxé par le tribunal correctionnel de Bastia du chef d'«abus de confiance». De même «il n'y a aucune interdiction d'exercer une profession en lien avec les pompes funèbres», a réagi Me Emmanuel Maestrini, conseil du prévenu, satisfait de cette relaxe pour abus de confiance. «L'atteinte à l'intégrité d'un cadavre est en réalité une faute professionnelle, qui relevait plus du civil que du pénal», a également estimé l'avocat.
«Ils ont fait n'importe quoi»
Le dossier avait commencé en avril, avec la découverte de sept cercueils et d'ossements humains dissimulés dans des sacs-poubelles, au milieu d'une décharge sauvage en contrebas d'une route du village de Bigorno (Haute-Corse).
L'enquête de la gendarmerie avait alors fait le lien entre les ossements et une demande d'exhumation faite auprès d'une entreprise de pompes funèbres pour un caveau familial d'un village voisin, afin de procéder à une crémation. «Qui a rempli les sacs-poubelles ? Qui avait connaissance du contenu ? Qui savait ce qu'ils allaient devenir ? Les versions divergent. Et ils ont fait n'importe quoi de la mission confiée», avait lancé la procureure à l'audience, le 6 décembre, où comparaissaient le gérant de la société et l'un de ses sous-traitants.
À l'encontre du gérant, elle avait requis six mois de prison avec sursis, 5000 euros d'amende et l'interdiction d'exercer une profession en lien avec le funéraire. Pour le sous-traitant, elle avait demandé une amende de 5000 euros. Une peine suivie par le tribunal qui l'a condamné à 10.000 euros d'amende dont 5000 avec sursis.
À la barre, le croque-mort, déjà condamné par ailleurs à six mois de prison avec sursis pour extorsion par menace ou contrainte, et un an de prison avec sursis pour abus de confiance, avait plaidé la bonne foi. «Je n'ai pas vu les ossements dans les cercueils. (...) Pour moi le cercueil était vide», avait-il affirmé. L'autre prévenu, agent de sécurité de profession au casier vierge, avait assuré avoir pris les sacs-poubelles sans savoir qu'il y avait des corps à l'intérieur: «J'ai jeté le tout dans le maquis en sachant que ce n'était pas légal», avait-il reconnu. Les avocats de la défense avaient plaidé la relaxe.