Les régions somaliennes du Puntland et du Somaliland ont refusé hier la fermeture des consulats éthiopiens sur leur sol, ordonnée la veille par le gouvernement fédéral qui accuse Addis Abeba «d’interférer dans (ses) affaires intérieures». La Somalie a ordonné jeudi le départ dans les 72 heures de l’ambassadeur d’Ethiopie et rappelé son propre ambassadeur à Addis Abeba pour consultations.
Mogadiscio a également annoncé la fermeture «d’ici une semaine» des consulats éthiopiens dans les régions septentrionales du Puntland et du Somaliland.
Le gouvernement du Puntland, qui a déclaré son autonomie en 1998 et entretient des relations tendues avec Mogadiscio, a affirmé dans un communiqué que «la décision de fermer le consulat de Garowe (la capitale de la région, ndlr) ne s’applique pas au Puntland». Il a expliqué cette décision par le fait que «le gouvernement fédéral de la Somalie a abrogé la Constitution qui garantissait l’unité de la nation», quelques jours après avoir annoncé ne plus «reconnaître les institutions de l’Etat fédéral somalien» à la suite de l’adoption par le Parlement du passage à un régime présidentiel. Mercredi, une délégation du Puntland a été reçue au ministère éthiopien des Affaires étrangères.
La région séparatiste du Somaliland, qui a unilatéralement proclamé son indépendance de la Somalie en 1991 mais n’est pas reconnue par la communauté internationale, a également rejeté la décision de Mogadiscio, qui n’a, selon elle, aucune autorité sur son territoire. «L’ambassade d’Ethiopie en République du Somaliland n’a pas été initialement ouverte avec la permission de la Somalie et (...) ne sera donc pas fermée», a annoncé dans un communiqué le ministère somalilandais de l’Information. «Il est imprudent et tout aussi peu diplomatique de dire que l’ambassade d’un pays sur lequel vous n’avez aucun contrôle devrait être fermée», ajoute-t-il.
Les autorités du Somaliland et d’Ethiopie ont déclenché la colère du gouvernement somalien en annonçant le 1er janvier la signature d’un «protocole d’accord» prévoyant la location pour 50 ans à l’Ethiopie de 20 km de côtes somalilandaises. Mogadiscio a dénoncé un accord «illégal», une «violation de sa souveraineté» équivalente à une «agression». Les autorités somalilandaises ont affirmé qu’en échange de cet accès à la mer, l’Ethiopie allait devenir le premier pays à les reconnaître officiellement.
Le gouvernement éthiopien s’est jusqu’à présent contenté d’affirmer qu’il allait «procéder à une évaluation approfondie en vue de prendre position concernant les efforts du Somaliland pour obtenir sa reconnaissance». Mogadiscio a exclu toute possibilité de médiation avec l’Ethiopie tant que cette dernière ne se sera pas retirée de l’accord avec le Somaliland.