Le 24 octobre 2021, la présidente de l'APC de Ain Benian a été destinataire d'une longue correspondance de la part de l'association des 136 Logements dépendant de sa circonscription administrative et par laquelle cette dernière sollicite l'intervention urgente des services de l'urbanisme de l'APC pour mettre un terme, selon les termes de la requête, «à la construction illicite entamée par des voisins limitrophes à la résidence des 136 Logements à Ain Benian sur la bande littorale en violation du cahier des charges».
L'association qui compte pratiquement sur l'adhésion de la majorité des résidents avait, pour corroborer sa démarche citoyenne, tenu notamment à alerter la première responsable de la commune sur l'atteinte produite par cet ouvrage à l'environnement et au paysage, sur le non-respect du cahier des charges de la bande littorale, et sur l'absence du panneau indiquant les références du permis induisant la légalité de la construction.
C'était donc il y a trois ans et on n'était qu'au début de cette réaction des résidents face à une réalisation qui nécessitait, pour le moins, un contrôle plus strict de la part des autorités. Si l'association avait bien choisi ses cibles pour dénoncer les infractions au code de l'urbanisme, dont les atteintes à l'environnement ne sont pas les moindres pour une zone touristique devant être protégée contre toutes déviations, elle a surtout averti les autorités communales sur le danger du fait accompli qui se profilait déjà à l'horizon, tout en rappelant «les orientations prônées par le ministre de l'Habitat et le wali d'Alger pour combattre le fléau des constructions illicites».
En se portant partie civile, le SG de l'association demande à l'APC d'intervenir dans le cadre de la loi en faisant respecter les articles 77 et 78 (loi 90/29) du code communal. Le 23 octobre 2023, c'est le wali délégué de Cheraga qui est à son tour sollicité par l'association pour régler ce problème de construction illicite, qui avait pris de l'ampleur puisque le promoteur, nullement inquiété, a continué en toute liberté à poursuivre son ouvrage jusqu'à le mener à terme, malgré un certain nombre d'injonctions informelles, et surtout, encore plus grave, des mises en demeure, selon l'association, allant jusqu'à l'établissement d'un arrêté de démolition pour le dépassement constaté sur le terrain des opérations.
Une décision qui en principe ne devait souffrir aucune équivoque. Alors qu'elle espérait une réponse favorable à sa démarche citoyenne sous la forme d'une intervention qui mettrait fin à une construction violant délibérément les lois urbanistiques, compte tenu de tous les éléments contenus dans le dossier à la base de la revendication des résidents, l'association a fait l'amer constat de voir que la situation n'a pas évolué dans le sens attendu, bien au contraire ayant encore conforté la position du promoteur, puisque son bâtiment est aujourd'hui dans la phase de finition.
Ce dernier, aux yeux de l'association, a repris son ouvrage en toute impunité, entre autres la réalisation de son plan initial concernant le nombre d'étages . «Cet entrepreneur veut mettre l'ensemble de l'autorité sans exception devant la politique du fait accompli en transformant en promotion immobilière l'infrastructure en question objet de litige et laisser les futurs acquéreurs face à l'administration». Trois ans ont passé, et ce que craignait l'association arriva. De surcroît, cette crainte du fait accompli laisse planer, selon les résidents, une autre préoccupation, celle de voir ce «passage en force» du promoteur faire des émules et servir de caution à d'autres prévisibles constructions illicites. A. M.