La Russie et l’Ukraine ont annoncé hier avoir procédé à l’échange de 206 prisonniers, dont des soldats russes capturés lors de l’offensive ukrainienne dans la région frontalière de Koursk, rapporte l’AFP.
L’armée russe a également affirmé s’être emparé d’un village dans la région ukrainienne de Donetsk (Est), où elle continue à progresser face aux troupes de Kiev moins nombreuses et moins bien équipées.
Hier, le ministère russe de la Défense a déclaré que 103 militaires russes faits prisonniers dans la région de Koursk avaient été échangés contre le même nombre de prisonniers de guerre ukrainiens. Dans la région de Koursk, Kiev se félicite néanmoins d’avoir fait des centaines de prisonniers.
Selon le ministère, les Emirats arabes unis ont fourni des «efforts de médiation» pour permettre la tenue de cet échange. Sur Telegram, Volodymyr Zelensky a indiqué hier que l’échange a permis la libération de soldats ukrainiens ayant défendu Kiev, Donetsk, Marioupol et son usine Azovstal, ainsi que les régions de Lougansk, Kharkiv et Zaporijjia.
Le 24 août, la Russie et l’Ukraine ont annoncé avoir procédé, également avec la médiation des Emirats arabes unis, à un échange de 230 prisonniers dont faisaient déjà partie des soldats russes faits prisonniers dans la région de Koursk.
Sur la défensive depuis des mois sur le front, l’Ukraine a lancé le 6 août une attaque surprise dans la région russe de Koursk, où elle s’est emparée de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Elle espérait contraindre Moscou à redéployer ses troupes qui sont dans la région de Donetsk et ainsi freiner leurs avancées.
«Vers une escalade mal contrôlée»
Sur le front diplomatique, Volodymyr Zelensky réclame à ses alliés de lui permettre de frapper en profondeur sur le sol russe des cibles militaires jugées «légitimes», comme des bases aériennes d’où décollent les avions bombardant l’Ukraine.
Mais jusqu’ici, les Occidentaux, Américains en tête, hésitent à donner un éventuel feu vert à l’utilisation par Kiev de missiles à longue portée, craignant qu’une telle décision ne puisse être vue par la Russie comme une escalade. «Les prochains mois et semaines pourraient être décisifs» dans la guerre, a souligné vendredi le Premier ministre britannique, Keir Starmer, en visite à Washington.
Vladimir Poutine a affirmé jeudi que si les Occidentaux autorisaient l’Ukraine à frapper le territoire russe avec des missiles à plus longue portée, cela signifierait que «les pays de l’Otan sont en guerre contre la Russie».
Un haut responsable diplomatique russe, Sergueï Riabkov, a assuré hier que l’Occident a pris des «décisions il y a quelque temps» pour permettre à Kiev de frapper la Russie en profondeur. «Washington et Londres font évoluer la situation vers une escalade mal contrôlée. Nous avertissons quotidiennement les autorités contre les conséquences de ce genre d’action», a-t-il affirmé, cité par l’agence TASS.
Volodymyr Zelensky a pour sa part accusé vendredi ses alliés d’avoir «peur» d’évoquer la possibilité d’abattre eux-mêmes des drones et des missiles russes dans le ciel ukrainien, alors que son pays est confronté à une multiplication d’attaques aériennes.
Kiev a ainsi indiqué samedi avoir encore abattu 72 drones russes dans la nuit. Et le président ukrainien a annoncé qu’il rencontrerait ce mois-ci le président américain Joe Biden pour lui présenter «un plan pour la victoire». En recevant le Premier ministre britannique Keir Starmer, Joe Biden a indiqué vendredi qu’il ne «pensait pas beaucoup à Poutine», en réponse à une question sur les menaces du président russe sur une possible guerre entre la Russie et l’Otan. Joe Biden a déclaré mardi que les Etats-Unis «travaillaient» à autoriser l’Ukraine à utiliser des missiles à plus longue portée contre la Russie.
Washington autorise actuellement Kiev à ne frapper que des cibles russes dans les parties occupées de l’Ukraine et certaines dans les régions frontalières russes directement liées aux opérations de combat de Moscou. Selon des médias britanniques, Joe Biden, qui craint un conflit nucléaire, est prêt à autoriser l’Ukraine à déployer des missiles britanniques et français utilisant la technologie américaine, mais pas les missiles américains eux-mêmes.
Rencontre Kim-Choïgou
Par ailleurs, le leader nord-coréen Kim Jong Un s’est engagé à renforcer ses relations avec Moscou lors d’une réunion avec le chef de la sécurité russe, Sergueï Choïgou, reçu vendredi en Corée du Nord, a annoncé hier l’agence de presse officielle KCNA. «Il y a eu un vaste échange de points de vue sur les questions de l’approfondissement du dialogue stratégique entre les deux pays et le renforcement de la coopération pour défendre les intérêts mutuels en matière de sécurité, ainsi que sur la situation régionale et internationale», selon KCNA.
Sur des photos publiées par l’agence d’Etat, Kim Jong Un et Sergueï Choïgou se donnent l’accolade, tout sourire, au terme de la visite de l’ancien ministre de la Défense russe, limogé en mai.
Le lieu de leur rencontre n’a pas été communiqué mais, selon les experts, la réunion aurait pu avoir lieu au palais Kumsusan de la capitale Pyongyang, où les président russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping ont déjà été reçus. Le dirigeant nord-coréen a affirmé que son pays renforcerait «la coopération et la collaboration» avec la Russie en vertu du traité de défense mutuel signé par les deux alliés en juin lors d’une visite de V. Poutine en Corée du Nord.
Le Conseil de sécurité russe a indiqué sur son site que la rencontre Kim-Choïgou permettrait d’apporter «une importante contribution à la mise en œuvre» de ce pacte. Les Etats-Unis et la Corée du Sud ont accusé Pyongyang d’avoir fourni des munitions et des missiles à la Russie pour soutenir sa guerre en Ukraine, ce que Pyongyang nie.
L’organisme d’enquête Conflict Armament Research a affirmé cette semaine que des analyses de débris montrent que «des missiles produits cette année en Corée du Nord sont utilisés en Ukraine».
Moscou et Pyongyang sont des alliés de longue date, mais leurs liens se sont encore renforcés depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022.
La réunion entre Kim Jong Un et Sergueï Choïgou est intervenue après que la Corée du Nord a tiré jeudi plusieurs missiles balistiques à courte portée dans la mer, à l’est de la péninsule coréenne. Selon l’armée sud-coréenne, il est possible que ces tirs aient constitué des essais d’armes destinées à être «exportées en Russie». Vendredi, Pyongyang a publié pour la première fois des images de ses installations d’enrichissement d’uranium, Kim Jong Un appelant à augmenter «de façon exponentielle le nombre d’armes nucléaires d’autodéfense».