Conflit russo-occidental sur l’Ukraine : Le nouveau parti allemand radical de gauche appelle à négocier avec Moscou

28/01/2024 mis à jour: 00:26
AFP
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Sahra Wagenknecht, leader du parti Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), lors du premier congrès de la formation, le 27 janvier 2024 à Berlin (Allemagne). (JOHN MACDOUGALL / AFP)

La coprésidente du nouveau parti allemand radical de gauche, Sahra Wagenknecht, a appelé, hier, à négocier avec Moscou pour terminer la guerre en Ukraine, lors du premier congrès de cette nouvelle formation qui porte son nom, rapporte l’AFP. Elle a également plaidé pour que l’Allemagne cesse ses livraisons d’armes à Kiev, devant les quelque 450 membres fondateurs de ce parti, réunis au Kosmos, ancien cinéma de RDA, situé dans l’avenue Karl Marx à Berlin. 

«Nous livrons des armes à l’Ukraine pour une victoire à laquelle hélas même les généraux ukrainiens ne croient plus (...) cette guerre doit être terminée et très rapidement par le biais de négociations», a-t-elle déclaré. Ce parti, dont le nom complet est «Alliance Sahra Wagenknecht (BWS), pour la raison et la justice», a été lancé le 8 janvier autour de cette personnalité de 54 ans, née à Iena, dans ce qui était encore l’Allemagne communiste. Sahra Wagenknecht a quitté en octobre dernier avec neuf autres collègues le parti de la Gauche radicale (Die Linke), scellant la scission de cette formation héritière du parti communiste de l’Allemagne de l’Est. Deux opportunités électorales s’offrent au nouveau parti cette année : le scrutin européen du 9 juin prochain et ceux de trois régions de l’Est en septembre. 

Dans les deux cas est attendue une percée du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Restée communiste après la chute du mur de Berlin, Sahra Wagenknecht partage avec beaucoup d’Allemands de l’Est leur méfiance vis-à-vis de l’Occident et reproche à l’Ukraine de provoquer une guerre pour sa survie. C’est principalement dans l’ex-RDA que Sahra Wagenknecht est populaire. Dans son discours prononcé, hier, elle s’est clairement adressée aux électeurs qui pourraient être sensibles à certaines idées défendues par l’AfD, particulièrement plébiscité à l’Est. 

Et d’observer : «Quand on prône la paix, on est estampillé d’extrême droite, quand on défend les fermes et les paysans, on est d’extrême droite, (...) quand on appelle à la limitation de l’immigration et qu’on s’inquiète des sociétés islamistes parallèles, on est d’extrême droite». «Ce sont les discussions folles que nous avons dans ce pays», a-t-elle dit, accusant la coalition social-démocrate, verte et libérale d’être responsable de la montée de l’AfD en raison de sa politique qu’elle juge injuste et inadéquate. Sahra Wagenknecht a déjà fait une première tentative fin 2018 en lançant un mouvement similaire, avant de renoncer, six mois plus tard. Cette fois, elle pourrait profiter de la polarisation croissante de la société allemande et de l’impopularité de la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz, à un moment où l’économie patine.
 

Rencontre Biden-Scholz en février

Par ailleurs, la Maison-Blanche a annoncé, hier, que le président américain, Joe Biden, va recevoir Olaf Scholz à Washington le 9 février. Les deux dirigeants «vont réaffirmer leur solide soutien envers la défense par l’Ukraine de ses terres et de son peuple face à la guerre d’agression de la Russie», a relevé le communiqué de l’exécutif américain. L’annonce de cette rencontre intervient alors que Joe Biden et les Républicains du Congrès négocient pied à pied un texte qui doit financer à nouveau de l’aide militaire pour Kiev et, parallèlement, durcir la politique migratoire des Etats-Unis. Côté allemand, le chancelier refuse pour l’instant d’envoyer à l’Ukraine des missiles à longue portée que Kiev demande pour faire face aux Russes. 

L’Allemagne a cependant déclaré, mercredi, qu’Olaf  Scholz fait «beaucoup plus» que les autres pays européens. Il a appelé les pays européens à augmenter leur soutien militaire à l’Ukraine, jugeant les contributions des Vingt-Sept «pas assez élevées» et mettant en garde contre le risque d’une disparition des aides américaines, dans un entretien publié mercredi.

 «L’Europe doit faire plus pour soutenir l’Ukraine dans la défense du pays», a déclaré le chancelier dans un entretien à l’hebdomadaire Die Zeit. «Les contributions prévues par les pays européens jusqu’ici pour 2024 ne sont pas assez élevées», a-t-il estimé. Le président et le chancelier devraient également, le 9 février, «échanger autour des moyens visant à éviter une escalade régionale au Moyen-Orient, de leur soutien sans faille au droit d’Israël à se défendre, et à l’impératif d’augmenter une aide vitale et une protection aux civils de Ghaza», relève la Maison-Blanche. Leurs échanges visent également à préparer un sommet de l’Otan prévu à Washington en juillet.

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