Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé, hier à Oslo, ses alliés européens et américains à poursuivre leur aide, au moment où de nouvelles enveloppes sont bloquées par des dissensions tant à Bruxelles qu’à Washington, rapporte l’AFP.
«Bien sûr, on ne peut pas gagner sans aide», a-t-il dit lors d’une conférence de presse, après une réunion avec le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store. Aux Etats-Unis aussi bien qu’au sein de l’Union européenne (UE), le versement de plusieurs dizaines de milliards de dollars au profit de l’Ukraine est actuellement entravé par des divisions internes.
La contre-offensive militaire lancée en juin par l’armée ukrainienne n’ayant pas apporté les résultats espérés, V. Zelensky cherche à remobiliser ses alliés. Arrivé à Oslo tôt dans la matinée, il a participé à une réunion des dirigeants des cinq pays nordiques (Norvège, Suède, Danemark, Finlande, Islande) sur lesquels il compte pour financer son projet de production d’armes de type Otan sur le territoire ukrainien.
«Ce que l’Europe peut faire, c’est faire la même chose (...) que ce que font les pays nordiques», a indiqué J. Zelensky. Depuis le début de la guerre en février 2022, les pays nordiques disent avoir consacré au total environ 11 milliards d’euros au soutien de l’Ukraine. «Ce n’est pas le moment de faiblir», ont affirmé leurs cinq dirigeants dans une lettre ouverte publiée dans le Financial Times. La Norvège, par exemple, a consenti en début d’année une aide pluriannuelle à l’Ukraine, civile et militaire, de 6,8 milliards d’euros sur la période 2023-2027. Mercredi, elle a annoncé le versement d’un peu plus de 250 millions d’euros dans le cadre de cette enveloppe, y compris de nouveaux armements antiaériens cruciaux, alors que le pays continue d’être bombardé par la Russie. La Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a de son côté indiqué que son gouvernement présenterait aujourd’hui un «nouveau paquet» d’aides militaires à l’Ukraine d’une valeur proche de 1 milliard d’euros.
«Une terrible erreur»
L’ouverture de négociations d’adhésion à l’UE et l’approbation d’une aide européenne de 50 milliards d’euros en faveur de l’Ukraine, sous forme de dons et de prêts, seront au menu d’un sommet européen à Bruxelles aujourd’hui et vendredi.
Le nationaliste hongrois Viktor Orban, seul dirigeant de l’UE à avoir maintenu des liens étroits avec le Kremlin après l’intervention russe en Ukraine, a menacé de bloquer ces décisions clés pour l’Ukraine, qu’il accuse notamment de corruption. «Je suis prêt à conclure des accords financiers sur des questions financières», a-t-il cependant dit dans un entretien publié mercredi, mais sans allusion spécifique à l’aide à l’Ukraine. Pour lui, la question de l’adhésion n’est en revanche pas négociable.
Ouvrir des négociations est «une terrible erreur», juge-t-il. «Je lui ai demandé de me donner une raison, pas trois, cinq ou dix, mais une raison. J’attends toujours la réponse», a commenté V. Zelensky. «Il n’a aucune raison de bloquer une adhésion ukrainienne à l’UE.»
Le président ukrainien est arrivé à Oslo en provenance des Etats-Unis, où il échoué à convaincre le Congrès, divisé sur la question, d’approuver une nouvelle enveloppe de 61 milliards de dollars pour son pays, disant
simplement avoir reçu des signaux «positifs». Le Congrès a engagé plus de 110 milliards de dollars pour fournir des équipements militaires à l’Ukraine et la soutenir économiquement, mais n’a pas réussi jusqu’à présent à s’entendre sur la rallonge demandée par la Maison-Blanche, pour tenir au moins jusqu’à la présidentielle de novembre 2024 aux Etats-Unis.
Les démocrates sont favorables à cette rallonge.
A part une poignée d’élus de la droite radicale, les républicains n’y sont pas totalement opposés. Mais ils lient leur soutien à un durcissement majeur de la politique d’immigration des Etats-Unis.
De son côté, le Kremlin a estimé mardi que toute nouvelle aide américaine est vouée au «fiasco», tandis que l’armée russe a revendiqué des avancées «significatives» sur une partie du front.