Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a appelé hier à une intensification des efforts diplomatiques pour parvenir «plus rapidement à la paix en Ukraine», alors que la guerre avec la Russie entre dans sa troisième année, rapporte l’AFP.
«Je pense qu’il est temps maintenant de discuter de la manière dont nous pouvons sortir de cette situation de guerre et parvenir plus rapidement à la paix», a-t-il déclaré lors d’un entretien à la chaîne publique ZDF, ajoutant que la Russie devrait participer au prochain sommet de paix sur la fin de la guerre.
Olaf Scholz est désormais sous pression en Allemagne sur le sujet. L’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti anti-migrants, eurosceptique, ainsi que le nouveau parti de gauche l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) réclament tous deux la fin des livraisons d’armes à l’Ukraine et viennent d’obtenir des résultats record dans des scrutins régionaux dans l’est du pays. L’Allemagne est le deuxième plus grand donateur d’aide à l’Ukraine, après les Etats-Unis. Le gouvernement du chancelier Scholz a promis de maintenir son soutien «aussi longtemps que nécessaire».
Olaf Scholz estime que la Russie devrait assister à un futur sommet international de paix en Ukraine. Elle n’a pas pris part au précédent sommet, en juin en Suisse, auquel elle a dit ne pas vouloir participer et pour lequel elle n’avait pas reçu d’invitation officielle. «Il est important que nous progressions», a commenté le chancelier allemand. «Il y aura sans aucun doute une autre conférence de paix», a-t-il affirmé, «le président ukrainien et moi sommes d’accord pour y inclure la Russie».
Dans son projet de budget 2025, Berlin a déjà prévu une réduction significative de l’aide à l’Ukraine, qui passerait d’environ huit à près de quatre milliards d’euros. Kiev s’inquiète d’autant plus que le temps des grands paquets d’aides en provenance des Etats-Unis, où un retour de Donald Trump à la Maison-Blanche n’est pas exclu, semble révolu et que la France, qui compose avec Berlin le duo de tête de l’Union européenne (UE), est empêtrée depuis des semaines dans une crise politique interne.
Un drone sur le territoire de l’Otan
Par ailleurs, le président letton a affirmé hier qu’un drone militaire russe s’est écrasé sur son territoire et que les violations du territoire de l’Otan se sont multipliées le long de sa frontière orientale. L’Etat balte, qui a par le passé été sous domination soviétique mais est aujourd’hui membre de l’UE et de l’OTAN, a entretenu des relations tendues avec Moscou après son indépendance, et celles-ci se sont encore détériorées depuis que la Russie a envahi l’Ukraine en février 2022. Un «drone militaire russe (...) s’est écrasé dans l’est de la Lettonie hier. Une enquête est en cours», a posté sur X le président Edgars Rinkevics. «Nous sommes en contact étroit avec nos alliés. Le nombre d’incidents de ce type augmente le long du flanc oriental de l’Otan et nous devons y faire face collectivement», a-t-il ajouté.
Le ministre letton de la Défense a déclaré dans un communiqué que le drone a pénétré dans l’espace aérien du pays depuis la Biélorussie, et s’est écrasé dans la municipalité de Rezekne. «Cette situation confirme que nous devons poursuivre le travail entamé pour renforcer la frontière orientale de la Lettonie, notamment en développant des capacités de défense aérienne et de guerre électronique afin de limiter les activités des drones», a déclaré le ministre de la Défense, Andris Spruds.
La Roumanie, membre de l’OTAN, a également déclaré hier qu’un drone russe visant des infrastructures civiles en Ukraine avait pénétré dans son espace aérien au cours de la nuit. Bucarest a fermement condamné la «nouvelle violation» provoquée par les «attaques illégales» de Moscou. «Aujourd’hui, des drones russes ont violé l’espace aérien roumain et letton. C’est un rappel brutal que les actions agressives de la Russie s’étendent au-delà de l’Ukraine», a écrit sur X le ministre ukrainien des Affaires étrangères, plaidant pour la possibilité «d’utiliser la défense aérienne des partenaires (de l’Otan) pour intercepter les missiles et les drones russes au-dessus de l’Ukraine».
La Pologne a également enregistré au moins deux cas de violation de son espace aérien par des missiles ou des drones russes attaquant l’Ukraine, la dernière fois en décembre. Dans une interview au Financial Times publiée lundi dernier, le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a déclaré que Varsovie devrait avoir le droit d’abattre les missiles russes qui visent l’Ukraine avant qu’ils n’entrent dans l’espace aérien polonais, malgré l’opposition de l’Otan. «Etre membre de l’Otan ne supplante pas la responsabilité de chaque pays en matière de protection de son propre espace aérien, c’est notre devoir constitutionnel», a déclaré R. Sikorski au FT. «Je suis personnellement d’avis que lorsque des missiles hostiles sont sur le point de pénétrer dans notre espace aérien, il serait légitime de se défendre, parce qu’une fois qu’ils ont pénétré dans notre espace aérien, le risque que des débris blessent quelqu’un devient important», a-t-il dit. Selon R. Sikorski, Kiev est favorable à de telles opérations. «Les Ukrainiens nous ont dit : ‘‘Vous êtes les bienvenus’’», a-t-il dit au FT.
Suite aux déclarations de R. Sikorski, un responsable de l’Otan a déclaré hier, sous le couvert de l’anonymat, que l’Alliance atlantique a «la responsabilité d’empêcher que la guerre menée par la Russie ne s’aggrave encore». «L’Otan n’est pas partie au conflit et ne deviendra pas partie au conflit», a-t-il dit.
«Nous reconnaissons le droit de chaque pays allié à protéger son propre espace aérien, mais ce que les alliés font individuellement pour soutenir l’Ukraine peut également avoir une incidence sur l’Otan dans son ensemble.» Il a également souligné la nécessité de consultations entre les pays membres de l’Alliance.