Conflit du Sahara occidental : Le Maroc appelé à libérer le militant sahraoui Khatri Dadda

06/04/2024 mis à jour: 16:56
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Le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a appelé le gouvernement marocain à «libérer immédiatement» le militant et activiste sahraoui Khatri Dadda, dénonçant les «violations flagrantes» de son droit à un procès équitable. 


Dans un avis rendu dernièrement, le Groupe de travail a demandé au gouvernement marocain de «prendre les mesures qui s’imposent pour remédier sans tarder à la situation de M. Dadda et la rendre compatible avec les normes internationales applicables, notamment celles énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans le pacte», soulignant, à ce titre, que la mesure appropriée consisterait à «libérer immédiatement M. Dadda et à lui accorder le droit d’obtenir réparation, notamment sous la forme d’une indemnisation, conformément au droit international». 


Khatri Dadda, âgé de 25 ans, est un journaliste et photographe sahraoui travaillant pour le média activiste Salwan Media. Il réside habituellement à Smara, au Sahara occidental occupé. Militant en faveur du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, M. Dadda documente également les violations des droits humains et l’usage excessif de la force par la police marocaine à l’encontre des manifestants sahraouis. Il a été arrêté le 24 décembre 2019, puis condamné à 20 ans de prison en représailles de ses activités journalistiques. 

L’emprisonnement continu de Khatri Dadda a fait l’objet de nombreuses communications des experts des Nations unies dans lesquelles ils ont exprimé leurs «préoccupations» concernant les conditions de détention «inhumaines» de cet activiste sahraoui, mais aussi concernant la détention continue d’autres militants en représailles de leurs activités en matière de droits de l’homme, rappelle le Groupe de travail qui cite, à ce titre, les communications du 21 juillet 2020, du 16 juin 2021 et du 23 mai 2023. Se félicitant de l’avis rendu par le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, le président du collectif des médias, basés au Sahara occidental, Ahmed Ettanji, a soutenu que l’arrestation puis la condamnation de Khatri Dadda est liée directement à son travail journalistique et son militantisme en faveur de l’exercice par le peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination. 

«Si le Maroc parvient à faire taire les voix de la résistance, la question du Sahara occidentale sera oubliée définitivement», a-t-il ajouté. Le cas de Khatri Dadda s’appuie sur plusieurs décisions déjà rendues par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, traitant de la détention arbitraire des militants sahraouis et des défenseurs des droits humains, mais aussi sur divers mécanismes de suivi des droits de l’homme des Nations unies qui ont documenté le recours systématique et systémique à la force par les autorités marocaines pour faire taire l’appel du peuple sahraoui au droit à l’autodétermination, les violences policières généralisées et les enlèvements, tortures, arrestations et détentions arbitraires auxquels sont soumis les militants sahraouis. «Tout en étant l’actuel président du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le Maroc continue de ne pas mettre en œuvre les décisions du groupe de travail, ce qui témoigne des violations flagrantes des droits de l’homme», a déploré le Groupe de travail. 

Par ailleurs, dans son rapport intitulé «Les Etats refusent : la longue détention des défenseurs de droits de l’homme», le rapporteur spécial des défenseurs des droits de l’homme, Mary Lawlor, a cité le cas de Khatri Dadda «arrêté en représailles de son travail de journaliste et de défenseur des droit humains», dénonçant les tentatives des autorités marocaines à «faire taire les voix de la vérité» et leur recours à «la détention arbitraire». 

 D’ailleurs, dans un communiqué sur la situation des droits de l’Homme, l’expert des Nations unies a réitéré ses «préoccupations» sur la situation des défenseurs des droits de l’homme au Maroc et au Sahara Occidental, dénonçant leur «criminalisation à tort pour leurs activités légitimes», mais aussi leur «condamnation à de lourdes peines» et leur «traitement dégradant». Alors que les médias et observateurs internationaux se voyant fréquemment refuser l’accès au Sahara occidental, les journalistes sahraouis constituent souvent la seule source d’information quant aux violations des droits humains et sont systématiquement ciblés par les forces marocaines. 

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