Après avoir rencontré la veille en Israël des alliés arabes, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a effectué hier une visite au Maroc, rapporte l’AFP. Il a été reçu par son homologue du royaume, Nasser Bourita, présent lundi à la réunion dans le désert israélien du Néguev avec trois autres ministres arabes (Egypte, Emirats arabes unis et Bahrein). Il a prévu une rencontre avec le Premier ministre, Aziz Akhannouch.
Le secrétaire d’Etat achèvera sa tournée régionale aujourd’hui par une étape en Algérie.
La tournée régionale d’Antony Blinken est consacrée entre autres à la sécurité bilatérale et régionale, la lutte antiterroriste au Sahel, les droits humains, mais aussi l’impact économique du conflit en Ukraine, comme la flambée des matières premières et le risque de pénurie de blé, selon des responsables américains. «Nous savons que cette calamité est vivement ressentie au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où la plupart des pays importent au moins la moitié de leur blé», a expliqué une responsable du département d’Etat, Yael Lempert, avant la visite. A Rabat, le dossier du Sahara occidental figure en priorité dans l’agenda.
Dans un communiqué, le département d’Etat a réitéré le soutien américain au plan d’autonomie, «sérieux, crédible et réaliste» présenté par le Maroc pour régler le «différend» qui l’oppose depuis des décennies aux indépendantistes du Front Polisario. Parallèlement, Washington a assuré l’envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu, Staffan de Mistura, de son appui pour relancer le «processus politique» sous l’égide des Nations unies.
Nucléaire et énergie
Le département d’Etat a aussi vanté un «partenariat stratégique enraciné dans des intérêts communs en faveur de la paix, la sécurité et la prospérité» de la région. Concernant la guerre en Ukraine, le Maroc n’a pas participé aux deux votes de l’Assemblée générale de l’ONU condamnant l’invasion russe, se gardant ainsi de prendre position dans le conflit.
Cette neutralité revendiquée illustre la volonté de Rabat de ne pas se mettre à dos la Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU, sur la question du Sahara occidental. Par ailleurs, Antony Blinken a prévu des discussions sur la sécurité régionale avec le prince Mohammed Ben Zayed Al-Nahyane, dit «MBZ», l’homme fort des Emirats arabes unis, qui a une résidence au Maroc.
A l’instar d’Israël, les Emirats et le Maroc font front commun contre l’Iran, tandis que les Etats-Unis cherchent à relancer l’accord sur le nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran, censé l’empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions internationales. En outre, les Emirats font partie d’une coalition militaire dirigée par l’Arabie Saoudite, qui vient en aide depuis 2015 au gouvernement du Yémen, en guerre contre les rebelles houthis, proches de l’Iran.
A Alger, le chef de la diplomatie américaine poursuivra ses discussions sur la coopération sécuritaire, en particulier au Sahel, et la crise ukrainienne. Il pourrait ainsi évoquer la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe, qui permettrait de réduire la dépendance des pays de l’Union européenne au gaz russe. Ce pipeline desservant l’Espagne et transitant par le Maroc a été fermé en octobre par l’Algérie à la suite de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021.