Le précédent conflit en 2020 a débouché sur une déroute militaire arménienne, Erevan ayant dû céder à Bakou des territoires dans et autour du Nagorny Karabakh.
L’Azerbaïdjan a lancé, hier, des «opérations antiterroristes» au Nagorny Karabakh, enclave disputée depuis des décennies avec l’Arménie, après la mort de six personnes dans l’explosion de mines dans cette région soumise à un blocus de Bakou, rapporte l’AFP. Les tensions vont croissantes depuis des mois autour du Nagorny Karabakh, un territoire sécessionniste d’Azerbaïdjan à majorité arménienne, qui a déjà été au coeur de deux guerres entre Erevan et Bakou, dont la dernière a duré six semaines, il y a trois ans.
«Des opérations antiterroristes ont commencé dans la région. Dans le cadre de ces mesures, les positions des forces armées arméniennes (...) sont mises hors d’état de nuire à l’aide d’armes de haute précision sur la ligne de front et en profondeur», a annoncé dans un communiqué le ministère azerbaïdjanais de la Défense.
Bakou a précisé avoir informé la Russie et la Turquie de ses opérations dans l’enclave, assurant ne viser que des «cibles militaires légitimes» et non civiles. «L’Azerbaïdjan a ouvert le feu sur diverses positions militaires au Karabakh», a indiqué pour sa part, sur Facebook, le député arménien Tigran Abrahamian.
Bakou a justifié cette opération militaire par la mort de quatre policiers et deux civils azerbaïdjanais dans l’explosion de mines sur le site d’un tunnel en construction entre Choucha et Fizouli, deux villes du Nagorny Karabakh, sous contrôle de l’Azerbaïdjan.
Les services de sécurité azerbaïdjanais ont accusé un groupe de «saboteurs» des séparatistes arméniens d’avoir posé ces mines et commis un acte de «terrorisme».
La diplomatie azerbaïdjanaise a assuré que ces explosions révélaient «le principal objectif de l’Arménie qui est de ne pas retirer ses forces armées du territoire de l’Azerbaïdjan» et de poursuivre des opérations militaires et de minage. Elle a aussi accusé les séparatistes arméniens de vouloir «aggraver les tensions» dans la région et de chercher à empêcher sa reconstruction, après le conflit de 2020, ainsi que le retour de civils azerbaïdjanais déplacés.
Sempiternelle tension
Le Nagorny Karabakh, théâtre de deux guerres entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, au début des années 1990 puis à l’automne 2020, est l’une des régions les plus minées d’ex-URSS. Des explosions y font régulièrement des victimes et provoquent des heurts armés.
Parallèlement, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a accusé, mardi, l’armée arménienne d’avoir blessé deux militaires azerbaïdjanais lors de tirs de mortier et d’armes légères dans le secteur d’Agdam, au nord-est du Karabakh, et d’avoir tiré dans la nuit en faisant usage d’armes légères vers des positions de l’Azerbaïdjan dans le district de Gadabay, à la frontière entre les deux pays.
Il a aussi reproché aux séparatistes arméniens d’avoir visé, via des interférences radioélectriques, le système GPS d’un avion de ligne azerbaïdjanais. Les tensions ont pourtant diminué d’un cran, lundi, avec l’arrivée de l’aide humanitaire dans l’enclave, soumise depuis des mois à un blocus azerbaïdjanais qui a provoqué de graves pénuries de nourriture et de médicaments.
Erevan accuse Bakou de provoquer à dessein une crise humanitaire à des fins d’épuration ethnique au Nagorny Karabakh, en bloquant le corridor de Latchine, seule route reliant l’enclave montagneuse à l’Arménie. Le précédent conflit en 2020 a débouché sur une déroute militaire arménienne, Erevan ayant dû céder à Bakou des territoires dans et autour du Nagorny Karabakh.
Un cessez-le-feu négocié par la Russie a été signé, impliquant le déploiement sur place de soldats de la paix russes, mais des échauffourées armées éclataient encore régulièrement à la frontière.
Malgré les efforts de médiation de l’Union européenne, de Washington et de Moscou, les belligérants ne sont jamais parvenus à un accord de paix. L’Arménie a, de son côté, accusé la Russie, son allié traditionnel, de ne pas en faire assez pour maintenir la paix dans la région. Moscou a rejeté ces accusations, mais le Kremlin reste avant tout préoccupé par son
offensive en Ukraine.