Des affrontements ont éclaté dans la nuit du lundi au mardi entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. C’est ce qu’ont annoncé hier Erevan et Bakou. «Mardi (…), l’Azerbaïdjan a lancé un bombardement intensif, avec de l’artillerie et des armes à feu de gros calibre, contre des positions militaires arméniennes en direction des villes de Goris, Sotk et Jermuk», a déclaré le ministère arménien de la Défense, cité par l’AFP.
Il a ajouté dans un communiqué que l’Azerbaïdjan a également utilisé des drones. De son côté, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a accusé l’Arménie d’«actes subversifs à grande échelle» près des districts de Dashkesan, Kelbajar et Lachin à la frontière et soutenu que les positions de son armée «ont essuyé des tirs, notamment de mortiers de tranchée». «Il y a des pertes parmi les militaires (azerbaïdjanais)», a-t-il rapporté, sans donner de chiffres.
La semaine dernière, l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan d’avoir tué un de ses soldats lors d’une fusillade à la frontière. En août, Bakou a déclaré avoir perdu un soldat et l’armée du Karabakh a fait savoir que deux de ses soldats avaient été tués et plus d’une douzaine blessés. Les deux voisins se sont livrés deux guerres, dans les années 1990 et en 2020, dans la région du Haut-Karabakh, enclave azerbaïdjanaise peuplée d’Arméniens. Six semaines de combats à l’automne 2020 ont fait plus de 6500 morts et se sont soldées par un cessez-le-feu négocié par la Russie.
Dans le cadre de cet accord, l’Arménie a cédé des pans de territoire qu’elle contrôlait depuis des décennies et Moscou a déployé quelque 2000 Casques bleus russes pour superviser la trêve fragile. Lors de pourparlers sous médiation européenne à Bruxelles en mai et avril, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, sont convenus de «faire avancer les discussions» sur un futur traité de paix.
Cessez- le-feu russe
Un peu plus tard, la Russie a annoncé avoir négocié un cessez-le-feu, en vigueur depuis mardi matin. «Nous espérons que l’accord conclu à la suite d’une médiation russe sur un cessez-le-feu (…) sera respecté dans son intégralité», a déclaré dans un communiqué la diplomatie russe, se disant «extrêmement préoccupée par la nette dégradation de la situation». «Nous appelons les parties à s’abstenir de toute nouvelle escalade, à faire preuve de retenue», a exhorté le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministère des Affaires étrangères russe a demandé à Bakou et Erevan de «respecter strictement le cessez-le-feu (déjà en place depuis 2020, ndlr) conformément aux déclarations tripartites des dirigeants de la Russie, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie du 9 novembre 2020», à la suite d’un mois et demi de guerre. La diplomatie russe, «en contact étroit» avec les dirigeants de ces deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, a aussi confirmé avoir «reçu un appel des dirigeants arméniens avec une demande d’aide pour résoudre la situation». «Toutes les questions litigieuses entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan doivent être résolues exclusivement par des moyens politiques et diplomatiques», a affirmé le ministère russe des Affaires étrangères dans le communiqué.
Plus tard, Bakou a accusé Erevan de violer «de manière intense» le cessez-le-feu négocié par Moscou. «Malgré la déclaration d’un cessez-le-feu (...) des unités des forces armées arméniennes (...) ont ouvert le feu à l’artillerie contre les positions de l’armée azerbaïdjanaise» à la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, a affirmé le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un communiqué, en faisant état des «mesures de riposte» à ces tirs. «L’Arménie viole de manière intense le cessez-le-feu», a-t-il soutenu.
En visite dans l’Etat de l’Indiana, dans le nord des Etats-Unis, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a exprimé sa «profonde préoccupation» dans des appels séparés au président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, et au Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a indiqué à la presse le porte-parole du département d’Etat, Ned Price. Il a dit aux dirigeants des deux pays que Washington compte «faire pression pour un arrêt immédiat des combats et un accord de paix entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan».
Ces deux ex-républiques soviétiques du Caucase se sont affrontées lors de deux guerres au cours des trois dernières décennies pour le contrôle de la région du Nagorny Karabakh, une enclave majoritairement peuplée d’Arméniens ayant fait sécession de l’Azerbaïdjan en 1991 avec le soutien de l’Arménie.