Confection des tapis artisanaux à Guelma : Les deux dernières tisserandes perpétuent des gestes ancestraux

14/06/2022 mis à jour: 23:01
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Aujourd’hui, il n’y a pas de relève à la Casap du chef-lieu de wilaya et, vraisemblablement, les dernières apprenties ont quitté, il y a très longtemps, les lieux pour d’autres activités.

Le tapis de Guelma risque de disparaitre à jamais avec les deux dernières tisserandes qui exercent leur noble métier à la Coopérative agricole de services et des approvisionnements (Casap) située sur la route de Belkheir. Comment est-ce possible ? «Il faut croire que oui, puisque ce sont les deux dernières ouvrières ici à la CASAP. Si demain elles décident de partir, c’est avec elles que partira la confection du tapis de Guelma connu à l’échelle nationale et internationale, depuis des décennies», ont déclaré à El Watan des employés de la Casap présents à l’atelier des métiers à tisser.

«Cela fait plus de 40 années que je m’attelle à la tâche sur ce métier à tisser. Nous étions probablement plus de 300 ouvrières lorsque je suis arrivée ici. Malheureusement plus personne ne veut faire ce travail», a révélé la plus ancienne tisserande encore en poste, visiblement exténuée par le labeur, mais déçue de ne pas avoir vu ce métier transmis aux générations futures. «Lorsque nous étions nombreuses, nous arrivions à tisser un tapis de 2 mètres sur 3 en 16 jours. Aujourd’hui, il nous faut deux mois pour le faire. Nous ne sommes plus que deux», a-t-elle ajouté.

En effet, il n’y a pas de relève à la CASAP de Guelma et vraisemblablement, les dernières apprenties ont quitté les lieux, il y a très longtemps, pour d’autres activités. Et pourtant, il s’agit-là d’un métier artisanal des plus gratifiants. «Sur le plan artistique, quatre couleurs prédominent l’œuvre. Le tapis de Guelma est confectionné avec de la laine beige, blanche, marron et noire. Il existe plusieurs mosaïques que nous reproduisons : crochet, carré, torsadé (icône de Guelma), tulipe et bien d’autres», ont précisé nos interlocutrices.

Quant à la valeur du tapis traditionnel, il est cédé à 70 000 dinars la pièce. «Nous réalisons des tapis à nœuds (ou points noués) ; nous utilisons des couleurs et des motifs du terroir», a révélé la deuxième tisserande, ayant une expérience professionnelle d’une vingtaine d’années. En effet, il y a une clientèle avertie pour ce genre de tapis, lesquels, généralement, emballent soigneusement le produit pour être offerts ou pour orner de somptueuses maisons sous d’autres cieux.

À souligner que le tapis de Guelma fabriqué avec de la laine achetée à Tebessa ou Ghardaia, faute de teinturier sur place, a connu ses heures de gloire durant les années 1970 et 1980. La Casap ou comme l’appelaient jadis les Guelmis «l’artisanat» fut un lieu agréable à visiter. «La douzaine de métiers à tisser tournaient à plein régime. Les brodeuses s’attelaient aux points de croix et aux points de Nabeul», évoquent les anciens clients. Quel gâchis ! Sans commentaire. 

 

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