Conclave des apiculteurs professionnels à Guelma : La sélection des reines au cœur des enjeux nationaux

19/10/2024 mis à jour: 02:49
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L’Association Nationale des Apiculteurs professionnels (ANAP) dont le siège se trouve à El Mouradia (Alger) organise, depuis le début du mois d’octobre des journées d’étude «extrêmement pointues» au profit des apiculteurs du territoire national. 

L’enjeu de ces journées s’inscrit dans un cadre d’échanges entre des experts en apiculture en France et les apiculteurs en Algérie. Dispensées pour ce mois-ci par Fantine Badeau, ingénieure agronome et apicultrice spécialisée en sélection apicole, le but de ces journées, comme le précise l’ANAP, est de renforcer les expériences en matière de préservation et de sélection des sous-espèces locales. 

Il s’agit de préserver la Tellelienne (Apis melliféra intermissa), appelée communément Abeille tellienne du nom de l’Atlas tellien, qui n’est autre qu’une sous-espèce d’abeilles maghrébines de couleur noire, bonnes productrices de miel et agressives, ainsi que la sous espèce d’abeille saharienne, très douce et mellifère que l’on retrouve généralement au sud-ouest algérien.

 Dans cette optique, jeudi dernier, des apiculteurs des wilayas de Tébessa, Souk Ahras, Khenchela et Annaba se sont joints à ceux de la wilaya de Guelma au siège de la Chambre d’agriculture du chef-lieu pour comprendre l’organisation et le fonctionnement des apiculteurs qui pratiquent la sélection de leurs essaims dans le cadre des activités de l’ANAP. «Nous devons tirer la sonnette d’alarme. 

Nos essaims d’abeilles autochtones et plus précisément nos reines sont substitués par des espèces hybrides introduites illégalement en Algérie», ont déclaré des membres de l’ANAP appuyés par des professionnels. Nous l’aurons compris, les enjeux sont stratégiques dans cette filière «qui doit impérativement s’organiser non seulement pour bannir les comportements individualistes de l’apiculteur, mais surtout en créant des coopératives apicoles et de réguler par la même le fonctionnement du marché des essaims et des reines en Algérie», ont souligné nos interlocuteurs.

 Ainsi, la production des différents miels, propolis, gelée royale, et autres sous produits telles les cires d’abeilles, est sujette à de multiples facteurs extérieurs pouvant entraver voir anéantir la collecte. Notons que les agents chimiques issus des pulvérisations des champs à proximité des ruches sont l’une des causes principales avec la sécheresse et le varroa (maladie parasitaire) qui provoquent des chutes de production et une grande mortalité des essaims, bien que les apiculteurs procèdent à la transhumance des cheptels pour diversifier les aromes naturels (eucalyptus, pleines fleurs, orangers etc.) .

Selon les chiffres de la direction des services agricoles de Guelma (DSA), la wilaya compte 12 462 ruches pour 502 apiculteurs agrées. Trois systèmes de production caractérisent la wilaya , dont un élevage traditionnel de moins de 10 ruches en zone montagneuse représentant 5 %, un système semi-intensif avec 20 à 80 ruches en production représentant 80% des populations d’abeilles, et enfin 15% seulement des apiculteurs optent pour un élevage intensif à haut rendement de production.  
 

La sélection génétique, un passage obligé 

Les nouvelles conduites d’élevage des abeilles nécessitent impérativement l’installation de la Station de fécondation contrôlée (SFC) comme le préconise l’ANAP, notamment en génétique de l’abeille connaissant des tentatives en exploitation apicole comme c’est le cas à Souk Ahras. Cependant, l’approche scientifique paraît plus compliquée, si l’on se réfère aux deux communications de Fantine Badeau, experte en la matière et porteuse d’expériences et de stages pratiques réalisés dans son pays. «Je vous le concède, c’est très compliqué, mais c’est réalisable. 

Notre expérience en France a apporté ses fruits. Il vous suffit de travailler en groupe. Plus il y a de ruches mises à la disposition des essais et de sélection, plus le bénéfice en sera plus grand en fonction des objectifs désirés. En l’occurrence les reines sélectionnées pour la reproduction qui fourniront une colonie forte en production de miel, résistante aux aléas climatiques et aux maladies», a-t-elle précisé.  

Quoi qu’il en soit,  il a fallu lors des débats avec les apiculteurs présents, l’intervention d’universitaires spécialisés en la matière, notamment de l’université de Souk Ahras et autres ingénieurs agronomes de Guelma pour traduire en arabe les communications et faire passer les messages essentiels. 

Dans cette optique l’ANAP a invité à partir de Guelma, les universités nationales à signer des accords de travail et de recherches avec les apiculteurs en s’engageant à mettre à la disposition des universitaires les expériences et les résultats en matière de conduite d’élevage apicole et de sélection des reines en particulier, en prenant en compte les orientations scientifiques proposées. Il y va de la préservation de nos espèces autochtones. À méditer                                                          
 

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