Commission électoral et commission de recours : La mascarade

02/07/2022 mis à jour: 09:15
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Sans surprise, la commission électorale et la commission de recours, élues lors de la dernière assemblée générale ordinaire, ont validé les dossiers de candidature des deux candidats en lice pour l’élection du 7 juillet prochain, ainsi que les deux listes de leurs membres pour le bureau fédéral.

Ali Malek, président de la commission électorale et Djamel Kashi, président de la commission de recours, et les membres qui les assistent au sein des deux commissions ont accepté les deux dossiers. Ils ont chassé d’un revers de la main les faibles doutes et/ou espoirs au sujet de la mission que leur a confiée l’assemblée générale. Ils n’ont pas tenu compte des statuts de la FAF et du code électoral de l’instance faîtière en matière de vérification stricte des critères d’éligibilité des candidats.

Il fallait être naïf pour croire un instant qu’Ali Malek, Djamel Kashi et les membres des deux commissions allaient observer une stricte et juste application des textes cités. Commençons par les deux candidats. Djahid Zefizef n’est pas éligible au poste de président au simple motif qu’il ne remplit pas un critère important de l’article 26 alinéa 3 (restriction) qui précise : «Ne sont pas éligibles aux organes et instances de la FAF les membres élus qui ont démissionné de leur poste des structures et organes du football national sans motif valable (sauf maladie, nomination à l’étranger, cumul de mandats électif ou politique)».

L’intéressé, qui a démissionné du bureau fédéral en septembre 2018, ne l’a pas fait pour l’une des 4 raisons citées dans l’article ci-dessus. Le 9 septembre 2018, la FAF a publié sur son site officiel le PV à travers lequel elle annonce : «Djahid Zefizef démissionne, Abdallah Gueddah le remplace».

L’information n’a jamais été démentie ni rectifiée par la FAF. Le communiqué poursuit : «Djahid Zefizef a officiellement démissionné du bureau fédéral de la Fédération algérienne de football en raison de ses obligations professionnelles qui ne lui ont pas permis ces derniers temps d’assister aux réunions du bureau fédéral. Il sera remplacé par M. Abdallah Gueddah, élu membre suppléant du bureau fédéral le 25 mars 2018».

Les raisons professionnelles évoquées par la FAF ne font pas partie des conditions qui donnent droit à un membre démissionnaire de pouvoir revenir comme membre du bureau fédéral. Comment Ali Malek et Djamel Kashi ont-ils pu remettre en selle Djahid Zefizef alors qu’ils étaient présents lors de la réunion du bureau fédéral au cours de laquelle la démission du ce dernier a été validée ? Leurs noms sont-ils inscrits sur la feuille de présence de la réunion du bureau fédéral ?

C’est une honte. Des voix se sont élevées pour dénoncer la validation de la candidature de Abdelhakim Serrar au motif qu’il ne remplit pas l’alinéa g de l’article 26 (élections) des statuts. L’intéressé a fait valoir la seconde partie de l’alinéa indiqué «soit par l’exercice d’une fonction de responsabilité supérieure au sein du secteur public ou privé», pour contourner la recommandation «avoir un niveau de formation justifié, soit par des titres universitaires…».

Autre grave dépassement commis par les deux commissions est celui de la validation des mandats présentés par des membres des deux listes. La commission de candidature a-t-elle demandé à la Fédération et aux Ligues de lui transmettre la liste officielle des membres inscrits sur les documents officiels ? Pire, la Ligue de football féminin a délivré deux mandatements, un pour chaque liste, alors que la réglementation ne lui permet pas de donner plus d’un seul mandat.

Une des deux femmes ne serait même pas une élue comme le recommandent expressément les statuts de la Fédération. Ne parlons pas d’ex-membres du bureau fédéral, version Charaf Eddine Amara, dissous par la force de la loi (9 démissions sur un total de 13 membres). Les membres du bureau, ceux qui ont démissionné – ils sont majoritaires – et ceux qui ne l’ont pas fait – ils sont minoritaires –, ont perdu la qualité de membre du bureau fédéral le 28 avril dernier.

Un membre inscrit sur une liste a démissionné pour cumul de mandats (il s’est conformé aux statuts) a vu son dossier de candidature validé alors qu’il n’a pas le droit de revenir pour la durée du mandat qui reste. Que faut-il attendre de membres de commissions qui ne respectent pas les statuts ?

Il faut leur rappeler ce qu’indique l’article 13 des statuts de la FAF, alinéa 1 : «Les membres de la FAF ont les obligations suivantes : observer en tout temps les statuts, règlements, directives et de les faire respecter par ses propres membres». Ali Malek et Djamel Kashi ont failli à leurs obligations vis-à-vis des statuts de la FAF. Le second a-t-il pris connaissance de l’article 12 (procédure de recours) du code électoral de la FAF ? Sans doute pas.

Qu’il parcourt ces lignes : «La commission de recours pour les élections est formée de trois membres et de deux suppléants élus par l’assemblée générale en même temps que la commission électorale. Un de ses membres doit avoir une formation juridique».

Djamel Kashi et les deux autres membres de la commission de recours remplissent-ils ce critère ? Le président de la Ligue de football amateur et celui de la Ligue de football féminin auraient dû s’inspirer d’Ali Baameur, président de la commission électorale en mars 2017 qui a refusé d’obéir aux injonctions de sa hiérarchie et est rentré chez lui sans organiser l’assemblée générale élective à la date que certains ont voulu lui fixer. Il a préféré observer scrupuleusement les statuts et respecter sa conscience.

Avec la mascarade en cours, le football algérien va encore perdre un précieux temps. Il en sera ainsi tant que les gens honnêtes, intègres, courageux seront laissés au bord de la route. 

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