Commerce informel à Constantine : Un fléau social qui ne semble pas inquiéter les autorités

20/09/2023 mis à jour: 08:37
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Il est devenu impossible de circuler au milieu de cette faune de vendeurs - Photo : El Watan / Archives

Désormais, le centre-ville offre aux visiteurs des images d’anarchie et d’absence de toute autorité.

Le commerce informel qui étale ses tentacules dans les artères les plus fréquentées au centre-ville de Constantine, comme ailleurs, est devenu un sérieux problème qui donne une mauvaise image de la ville du Vieux Rocher. Des squatteurs un peu partout étalent à même le sol leurs articles, scandant désagréablement les prix attractifs des produits proposés offrant une des images les plus affligeantes.

Plusieurs opérations d’éradication du commerce informel afin de libérer la voie publique ont été menées dans la commune de Constantine, à l’instar de Djebel Ouahch ou la cité des Frères Abbas (Oued El Had). Mais d’autres endroits à vocation touristique représentant la vitrine du chef-lieu de la wilaya ont été épargnés de toute action d’éradication de ce phénomène.

Il n’est plus question de pratiques illicites, mais il s’agit des gens qui imposent  leur loi en squattant la voie publique au vu et au su de tout le monde, avec tous les désagréments et les préjudices que cela comportent. Que font les autorités face à l’enracinement de ce phénomène, qui s’est transformé d’une pratique illicite, à une tradition puis à un indu droit ?

Libérer la voie publique n’est-il plus l’affaire de la mairie ? En réponse à nos questions, le P/APC de Constantine, Charaf Bensari, qualifie le phénomène du commerce informel qui sévit dans la ville «de sujet très délicat». «L’informel, qui entre dans un cadre sécuritaire, mérite la mobilisation de toutes les autorités, dont le wali et les services de la sûreté. Il mérite une discussion avec le wali et les personnes concernées par ce sujet», a-t-il déclaré.

Et de rappeler les actions de lutte contre ce fléau menées dans sa région. «Nous avons mené quelques manœuvres pour chasser l’informel, particulièrement les marchés qui entourent les écoles primaires. Ce que je ne tolère pas», a-t-il souligné. Mais le centre-ville offre aux visiteurs des images d’anarchie et d’absence de toute autorité.

Qu’en-est-il des prérogatives du maire de la ville, disposant de tous les pouvoirs d’urbanisme, d’assurer l’ordre, de la sécurité et de la salubrité publique? «Ce n’est pas facile d’intervenir au niveau de la rue de France (rues du 19 Juin et Didouche Mourad). Mais ce n’est pas aussi difficile, cette action d’éradication de l’informel provoque une certaine sensibilité. En tant que maire, j’ai la double casquette étatique et élu en même temps. Je ne peux pas éradiquer ces gens et les jeter à la rue», a expliqué M. Bensari.

Une affaire d’ordre public

Ne pas perdre la sympathie des acteurs du commerce illicite est-il plus important que la libération de la voie publique qui appartient à la commune ? Dans ce sens, le P/APC de Constantine dira : «Non pas la sympathie au détriment de la ville. Au lieu de les détruire, il faut trouver une solution, en créant d’autres marchés pour les incorporer, comme ceux de Oued El Had et Daksi situés à l’entrée, le rond-point.

C’est décevant, nous devons réagir rapidement. C’est un projet de la commune de lutter contre l’informel avec la création des marchés, en essayant d’en discuter avec le wali et le chef de daïra. Il ne faut pas nettoyer quelque chose en créant d’autres problèmes. Ça mérite une étude et ça entre dans le cadre de l’ordre public. C’est collégial et il n’est pas l’affaire du maire uniquement, pour prendre une telle décision.» Ces vendeurs illicites et ambulants deviennent une tache noire et une verrue éclaboussant quotidiennement l’image de la ville du Vieux Rocher.

A noter que ce phénomène va à l’encontre de toutes les réglementations économiques, sans oublier que cette activité en émergence est exonérée de taxes et des charges sociales. De surcroît le squat de la voie publique, qui nuit à l’attractivité de la ville, réduit l’espace public disponible pour les piétons et même pour les automobilistes.

Notons à titre d’exemple la rue Larbi Ben M’hidi (connue par Trik J’dida) et la rue Didouche Mourad (ex-rue Caraman). L’activité s’est transformée également en une source de nuisances sonores et de pollution.

La mise en place d’une stratégie globale qui associe des mesures à court, moyen et long terme est exigée. Ce défi complexe nécessite une approche multisectorielle concertée entre les directions concernées. La réglementation existe, mais c’est la volonté des autorités d’appliquer la loi qui fait défaut.

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