Commentaire / Statuts de la FAF 2023 : des masques vont tomber

08/11/2023 mis à jour: 09:59
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Les nouveaux statuts de la Fédération algérienne de football (FAF) vont être adoptés bientôt. Ils ont fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup les ont utilisés comme épouventail pour faire peur à la majorité des acteurs du football, dans l’unique but de perpétuer l’ordre et les règles établis. Finalement, le texte fondateur de l’instance faîtière du football algérien ne présentait aucun danger pour celui-ci.

 Bien avant l’arrivée de Charaf Eddine Amara à la tête de la fédération (2021) des voix s’étaient élevées pour réclamer l’adoption des nouveaux statuts concoctés avec Véron, le responsable du département association à la FIFA et futur secrétaire général de la CAF par la seule volonté de Gianni Infantino dont il était les yeux et les oreilles dans tout ce qui touche au football continental. 

A l’époque, la collaboration FAF-Veron inquiétait plus d’un. C’est à cette période, la veille d’un changement à la tête de la FAF, qu’a démarré une campagne d’intimidation et de menaces contre tous ceux qui se dressaient contre la validation des nouveaux statuts préparés à l’ombre des regards indiscrets. En avril et mai 2021, il y a eu des échanges épistolaires entre la FAF et la FIFA (El Watan détient les copies) pour finaliser les nouveaux statuts. 

La propagande à grande échelle a été actionnée pour faire passer les statuts concoctés comme une lettre à la poste. Les nouveaux statuts étaient taillés sur mesure. Les propagandistes lancés par ceux qui tiraient les ficelles derrière les rideaux ont fait ce qu’ils savent faire de mieux. Manipuler, faire peur. Sur les médias et les réseaux sociaux, ils jurent la main sur le cœur que la FIFA suspendrait la FAF et exclurait l’Equipe nationale de toutes les compétitions continentales et internationales sans avancer une once de preuve de ce qu’ils avançaient. 

Le seul argument était le suivant. Il faut valider les statuts préparés avec Véron. Sans s’attarder sur leur contenu. Tout l’enjeu était là. Les années ont passé, la fédération continuait à vaquer à ses occupations, à aucun moment l’Equipe nationale n’a été inquiétée (elle l’aurait été pourquoi ?). 

Aujourd’hui, des masques vont tomber avec l’adoption, très prochainement, des statuts 2023 qui seront publiés dans les jours à venir. En effet, la fédération va fixer la date de l’assemblée générale qui adoptera les nouveaux statuts. Ils comportent 85 articles et le document final était prêt le 23 avril 2023. Globalement, les articles sont les mêmes que ceux des statuts précédents.

 Ouvrons une parenthèse pour indiquer que les statuts 2023 viennent remplacer ceux de 2018 et le projet de statuts de 2020. Ceux du 23 avril  2018 n’auraient jamais dû être validés parce qu’ils ont été adoptés par l’Assemblée générale ordinaire et non extraordinaire, comme le stipulent les statuts de la FAF (voir article 29 Assemblée générale extraordinaire alinéa 6) . Le second document portant projet de statuts a été initié en janvier 2020. 

Les statuts 2023 ont pris en compte les changements opérés dans les textes au cours des derniers mois (décret exécutif modifié septembre 2022, la loi 12/05 du 12 janvier 2012, 13/05 du 23 juillet 2013 et leurs textes d’application). L’article 13 (membres de l’Assemblée générale) a été retoqué. Il a introduit l’Association nationale des joueuses de football, l’Association nationale des femmes arbitres et l’Association des femmes entraîneurs), les 3 survivants de la glorieuse équipe du FLN (Defnoun, Mekhloufi et Maouche) et pas la fondation. L’article 18 (suspension) introduit un changement important. 

Les sanctions disciplinaires seront prononcées par la commission de discipline et non plus par la commission d’éthique. Autre modification à l’alinéa 33, les membres qui ne sont pas à jour concernant leur cotisation annuelle sont privés de leur droit de vote. 

Dans la mouture 2021 présentée à la FIFA, «les membres qui ne sont pas à jour concernant leurs cotisations annuelles pendant 2 ans seront suspendus de leur droit de vote». Dans la mouture 2021, il est précisé qu’«un membre ne peut pas être exclu pour non paiement de ses cotisations».

C’était une prime pour les récalcitrants. Dans l’article 20 de la mouture de mai 2021, il est spécifié que «tout membre de la FAF peut démissionner. Il doit annoncer sa démission par lettre recommandée au SG de la FAF, au moins 6 mois avant la fin de l’année footballistique». 

La FIFA a dit non. Dans les statuts de 2023, celui qui a l’intention de démissionner dispose d’un mois pour l’annoncer. L’article 28 des statuts 2023 (délégués et vote) précise l’identité et le nombre (85) des délégués. L’article 32 (élections) doit être complété par le nombre de membres qui soutiennent une candidature au poste de président de la FAF. 

Dans la mouture du printemps 2021 soumise à la FIFA, les rédacteurs ont proposé que  «chaque liste de candidat doit être soutenue par au moins 20 membres (de l’AG)». Cette proposition est une manière de fermer le jeu devant des candidats. Sur une liste de 85 candidats, il faut à un candidat au poste de président présenté 20 parrainages. 
 

C’est énorme. La FIFA, qui compte 212 associations (fédérations) affiliées, exige 5 parrainages seulement. Dans le même article (32), il a été proposé que chaque liste de candidat puisse comprendre un maximum de 5 candidats (sur la liste du Bureau fédéral) par liste pouvant être des personnes ne siégeant pas comme délégués, c’est-à-dire membres de l’Assemblée générale. Seuls les joueurs comptant 50 sélections en Equipe nationale A peuvent faire partie de ce cercle. 

Dans les statuts de 2023, le nombre de mandats autorisés est fixé à 2. Dans celui des deux moutures de 2021, il est de 3. L’article fixe l’âge du candidat au poste de président de la FAF à 30 ans au moins et pas plus de 70 ans. C’est un article cousu main pour barrer la route à Mohamed Raouraoua. En vertu de l’article 4 des statuts de la FIFA (non au racisme et à la discrimination), cette proposition a fini sa course dans la poubelle. Véron et ses amis ont la dent dure. 
 

Nouvelles conditions pour les candidats à la FAF

Dans les moutures de 2021, le secrétariat général de la FAF a intégré dans sa corbeille la direction technique nationale (DTN). Il a été rappelé à l’ordre. La proposition est passée à la trappe. Tout comme la commission de coordination des ligues qui a perdu beaucoup de ses attributions, notamment celles de «proposer des projets de système de compétition à l’approbation du Bureau fédéral, superviser les travaux des assemblées générales des ligues, mener des audits relatifs à la gestion des compétitions». 

Un vrai bras armé dont se sont servis pendant des années des esprits malfaisants pour foutre la pagaille dans quelques démembrements de la fédération. L’article 51 des statuts de 2023 consacré au statut des joueurs a mis de l’ordre dans ce chapitre, en procédant à un profond changement dans ce domaine en mettant fin aux attributions de cette commission qui se résumaient à «superviser le travail et les activités de la CNRL et proposer les modifications éventuelles à apporter à son règlement». 

Les statuts de la FAF 2023 ont consacré le respect des lois nationales, les statuts de la FIFA et de la CAF et les principes d’indépendance des organes juridictionnels. Jusqu’à présent, la FAF a fonctionné avec des organes juridictionnels non élus et ne jouissant d’aucune indépendance. La priorité était accordée à la pérennisation d’un ordre basé sur l’exclusion.

 Depuis 2015, la fédération a fonctionné sans statut validé. Elle ne s’est pas mise en conformité, d’abord avec la loi algérienne. Il était temps qu’elle inscrive son action dans la légalité et le respect des textes. Comme il est loin le temps du mensonge, de la manipulation et des menaces. La FAF n’a jamais été réellement sous la menace d’une suspension de la part de la FIFA. 

Les torchons expédiés du bureau de Véron à Zurich n’avaient qu’un objectif. Faire plier l’Algérie. Encore une fois, les comploteurs ont échoué.

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