Commentaire : Le syndrome Gaetjens

13/01/2022 mis à jour: 06:16
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Avant le début de la CAN 2022, il y a eu un florilège de pronostics, tous dans le même sens, qui donnaient la Sierra Léone battue d’avance contre l’Algérie et sur un score lourd. Ce type de sentiment n’est pas nouveau lorsque vont se rencontrer deux équipes au rang, standing et classement diamétralement opposés. Ce type de sentiment fait souvent fi de réserve et de prudence qui doivent prévaloir avant le coup d’envoi d’une partie de football.

Ainsi, l’avant-CAN 2022 a été précédé par des pronostics sans retenue sur l’issue du premier match des Verts contre la Sierra Leone. A croire leurs auteurs, la partie était pliée avant d’avoir débuté au simple motif que l’adversaire est plombé au fond du Ranking FIFA. Le football n’ayant jamais été une science exacte, les prévisions devaient être nuancées pour éviter de tomber de haut en cas de mauvaise surprise.

Ceux qui ne jurent de rien du football se gardent toujours de trop s’aventurer sur le terrain des pronostics. Ceux-là sont vaccinés contre le syndrome Gaetjens. Le nom de ce footballeur, né en 1924 d’un mariage entre un Belge et une Haïtienne, restera à jamais inscrit dans la légende de la Coupe du monde de football.

Pourtant rien ne le prédisposait à entrer dans le panthéon du football mondial jusqu’à ce jour béni pour lui, le 29 juin 1950, où le petit pou-cet, les Etats-Unis, affrontait l’ogre du football mondial, l’Angleterre, au premier tour du Mondial organisé au Brésil. Joe Gaetjens a marqué le but qui a donné la victoire au pays de l’oncle Sam et fait mordre la poussière à la fière Albion, le berceau du football mondial.

Depuis cet exploit extraordinaire, les chroniqueurs, observateurs et parfois des parieurs se rappellent à ce bon souvenir, c’est selon, à chaque fois que se profile un match présenté, annoncé, préalablement, comme déséquilibré.

L’histoire du football est jalonnée d’exemples. A commencer par ce sélectionneur brésilien qui croyait, en Coupe du monde 1954, qu’il pouvait se passer des services de son buteur Léonidas en demi-finale de Coupe du monde, pour, a-t-il dit, «le préserver pour la finale». Sans son meilleur buteur, le Brésil a raté l’avant-dernière marche et la Seleçao est rentrée à la maison sans le trophée qui lui tendait les bras… sans le «génie» de son coach qui s’est privé volontairement de sa meilleure arme en demi-finale de Coupe du monde.

La France, champion du monde en 1998, a été humiliée par le Sénégal lors de son premier match en Coupe du monde 2022 parce qu’elle a manqué d’humilité. Et les exemples ne manquent pas. Morale de l’histoire, il faut toujours s’armer d’humilité avant d’avancer une fanfaronnade. Le respect de l’adversaire et l’humilité sont les meilleurs remèdes pour éviter les exploits du type Joé Gaetjens.

 

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