Commentaire : La FAF et le communiqué de la honte

26/03/2023 mis à jour: 03:36
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A la veille du départ de l’équipe nationale à Tunis où elle affrontera le Niger, demain, pour le compte du match retour des éliminatoires de la CAN-2023, décalée en 2024 en Côte d’Ivoire, la Fédération algérienne de football (FAF) a publié un communiqué sur son site officiel informant les médias nationaux que seules les télévisions sont autorisées à couvrir le départ de l’équipe nationale à Tunis. Exit les autres organes de presse (journaux et sites).

C’est une décision scandaleuse qui n’est fondée sur aucun argument professionnel. Hier, elle s’est empressée de faire marche arrière. Dans le second communiqué, elle s’est ravisée et indiqué : «Après consultation, tous les organes de presse sont autorisés à couvrir le départ de l’équipe nationale sans restriction.» Son rétropédalage n’ajoute rien à sa «gloire». Le communiqué de la honte a tourné le dos aux codes standards en la matière.

Par l’impair commis vendredi, la fédération a perdu le peu de crédit qui lui a été laissé par ceux qui la dirigent réellement sans avoir été investi de ce pouvoir par l’organe souverain. L’assemblée générale. Désormais, la fédération ressemble au café de commerce où n’importe qui décide et impose ses vues. Elle aurait mieux fait d’accompagner sa volte-face par des excuses aux concernés que son premier communiqué visait.

Une fédération digne de ce nom n’aurait pas agi de la sorte loin du professionnalisme galvaudé par des intrus. La fédération est devenue une propriété privée et non plus une association sportive régie par ses statuts et règlements.

La décision d’interdire aux journalistes de couvrir le départ des Verts à Tunis est une dérive couverte par le silence complice des responsables de l’instance faîtière qui se distinguent, depuis des années, par leur effacement total devant des employés de la fédération. Les journalistes assument une grande part de responsabilité dans ce qui arrive. Ils ont cautionné beaucoup de choses qui touchent à l’éthique professionnelle.

Comme ne pas dénoncer les interdictions de couvrir des conférences de presse et des assemblées générales de la fédération décrétées à l’endroit de confrères qui ne servent pas la soupe. Plus grave, à l’occasion d’un match international officiel, l’équipe de la télévision nationale a été interdite de voyager dans le même avion que la sélection alors qu’un contrat lie l’entreprise publique et la fédération sur cette question.

Les journalistes de la télévision ont été victimes du fait du prince sans que personne dénonce le scandale. Quand la fédération, arrêtera-t-elle de se couvrir de honte ? La fédération, l’équipe nationale et le centre technique national (CTN) ne seront jamais «les républiques des amis».

Le changement interviendra le jour où la fédération sera à la hauteur de toutes ses missions régaliennes. La presse sportive ne doit jamais accepter d’être une serpillère sur laquelle des intrus et parvenus viennent essuyer leurs pieds sales.

En 2010, lors de la CAN en Angola, les confrères présents à Luanda ont, à l’unisson, manifesté leur désaccord avec la fédération en boycottant un entraînement et une mixte zone de l’équipe nationale.

Le mépris affiché à l’endroit de la presse et des journalistes par la fédération et de quelques-uns de ses salariés doit s’arrêter définitivement. L’axiome journalistes-équipe nationale ne doit pas être brisé par des apprentis sorciers au service de viles missions.

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