Commentaire - CAF-FIFA : quelle honte !

16/01/2022 mis à jour: 02:53
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L’hégémonie de la FIFA sur la CAF n’a jamais été si forte et si prenante comme elle l’est depuis 2017, une date qui marque le début de la domination totale et absolue de la première sur la seconde. Depuis que le président de la FIFA s’est débarrassé de Issa Hayatou, dont il a provoqué la chute et balisé la voie à son successeur, le Malgache Ahmad Ahmad, en 2017, la Confédération africaine de football est devenue une annexe de la FIFA, placée sous le contrôle direct du président de la FIFA.

Faut-il s’étonner aujourd’hui que ce n’est plus la CAF qui décide et que c’est la FIFA qui ordonne et la première exécute les ordres de la seconde. Ainsi va le football africain depuis qu’il a été vidé de sa moindre substance vive au profit de présidents-selfies, vrais sergents du président de la FIFA à qui ils obéissent au doigt et à l’œil. La preuve, toutes les décisions importantes concernant le football africain sont préparées et décidées ailleurs.

Sur le plan de l’indépendance du pouvoir de décision, la CAF a perdu du terrain et a laissé sa crédibilité s’effilocher devant une opinion africaine, elle aussi, tétanisée et incapable du moindre sursaut d’orgueil devant les dérives de la confédération et l’omniprésence de la FIFA dans toutes les questions et affaires liées au football africain.

Tout se décide hors du continent. On dirait qu’il n’y a plus d’hommes dignes de défendre le football africain. Les dirigeants actuels des fédérations se contentent de donner leur caution à tout ce qu’impose Gianni Infantino.

Ces responsables sans stature à la hauteur de leur rang, ni personnalité affirmée doivent savoir qu’avant eux la CAF avait eu des dirigeants d’une autre dimension. Une leçon d’histoire s’impose pour que les générations à venir sachent qu’au commencement, au milieu des années 1950, le football africain était dirigé par des hommes qui ont inscrit, pour l’éternité, leur nom dans la longue et riche histoire du football continental.

A la période indiquée, les présidents des fédérations d’Egypte, Soudan, Ethiopie et Afrique du Sud, se sont battus pour créer la Confédération africaine de football (CAF) dont la naissance a été officialisée le 8 février 1957 à Khartoum au Soudan.

Les trois premières fédérations, à savoir égyptienne, soudanaise et éthiopienne étaient affiliées à la FIFA respectivement en 1923, 1948 et 1953. Elles assistaient régulièrement aux congrès de la FIFA. Un jour, au milieu des années 1950, les trois dirigeants africains plus celui de l’Afrique du Sud, qui s’est joint à eux, ont évoqué le projet de créer une confédération continentale.

D’emblée, l’idée a été rejetée par de nombreuses fédérations européennes et sud-américaines. A force d’abnégation ils sont arrivés à convaincre le président de la fédération anglaise de football (F-A) de soutenir leur proposition. Ce dernier, Arthur Drewry, lui aussi avait un projet. Celui de devenir président de la FIFA. En 1954 à Berne, en marge de la Coupe du monde organisée par la Suisse, les délégués africains ont inscrit leur question à l’ordre du jour du congrès.

Des Européens ont refusé la proposition des dirigeants africains, qui ne se sont pas découragés pour autant. Le Belge Rodolphe Williams Seelders qui a pris la succession du Français Jules Rimet (décédé) se montre favorable à la proposition africaine. Il va encore plus loin. Il propose que chaque membre de confédération fasse partie du comité exécutif de la FIFA. Des Européens et Sud-américains redoublent de férocité contre toute idée de favoriser la création d’une confédération africaine de football.

L’Anglais Arthur Drewry maintient sa position vis-à-vis de l’Afrique. Seulement, il la conditionne. Il a dit aux délégués africains, lors du congrès de la FIFA à Lisbonne en 1956 : «Je vais vous aider du mieux que je peux. En contrepartie, je vous demande une faveur. Incluez l’Afrique du Sud dans votre future confédération». Il a tenu parole. Il a été élu président de la FIFA avec la satisfaction qu’on devine du côté du Caire, Khartoum, Addis Abeba, Johannesburg.

La CAF a été fondée en 1957 et durant la même année, elle a opposé un niet catégorique à la participation de la sélection d’Afrique du Sud formée exclusivement de joueurs blancs. Les trois dirigeants africains à la tête de la CAF ont signifié leur refus catégorique à la participation de l’Afrique du Sud au premier tournoi de la CAN en 1957.

Ni les pressions de la FIFA ni les bonnes relations que la CAF entretenait avec Arthur Drewry, président de la FIFA, n’ont influé sur la position de principe que les Africains ont affiché sur la question de l’Apartheid. L’Afrique du Sud n’a pas participé à la première CAN alors qu’elle était un de ses quatre membres fondateurs.

Les Africains ne sont pas revenus sur leur décision. Mieux, ils ont bataillé pour exclure l’Afrique du Sud des compétitions organisées par la FIFA. C’étaient des hommes de convictions, des hommes pleinement engagés au service exclusif du football africain naissant. Ceux d’aujourd’hui, tous ceux qui dirigent des fédérations, qui siègent à la CAF devraient s’inspirer de cet exemple. Lorsque la CAF courbe l’échine devant Gianni Infantino, lui permet de prendre des décisions à sa place, la situation devient grave.

En 1957, la CAF a défié le président de la FIFA sur une question de principe, de souveraineté et d’engagement vis-à-vis des peuples du continent. 65 ans plus tard, le président de la CAF, sa smala du Comex et les présidents de fédérations prennent leurs ordres de Gianni Infantino et de la FIFA. Quelle régression ! Quelle honte ! 

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