Commentaire - BF : il est temps de quitter la table

07/04/2022 mis à jour: 09:52
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La crise qui secoue le Bureau fédéral domine l’actualité footballistique. Les membres de l’organe exécutif et de supervision de la fédération (Bureau fédéral) se déchirent et renvoient une piteuse image de l’organe dont ils font partie depuis le 15 avril 2021.

En 12 mois de présence à la tête de la fédération et de gestion du ballon rond, le président et les membres du Bureau fédéral n’ont pas appliqué un seul des 12 points du programme sur lequel ils ont été élus collégialement. Ils ont passé leur temps à se chamailler, à se disputer des missions et avantages sans aucun lien avec le programme qu’ils ont présenté devant l’Assemblée générale qui les a élus.

Leurs engagements et promesses, ils les ont laissés choir dès l’instant où ils ont investi le siège de la fédération. Ce n’est pas les appels à la raison, les mises en garde lancées par les acteurs du football qui ont changé leur perception des lourdes responsabilités que leur a confiées l’Assemblée générale. A aucun moment ils n’ont tenu compte des avis de tempête annoncés.

Ils croyaient que les bons résultats de l’équipe nationale étaient un bouclier qui allait les prémunir sans fin. La réalité les a rattrapés dès que les résultats des Verts sont passés au rouge. Le cauchemar de la CAN 2021 combiné à la douloureuse élimination de la Coupe du monde 2022 a provoqué le tsunami annoncé.

Le président Charaf Eddine Amara a annoncé sa démission, sans la formaliser comme le stipule l’article 16 des statuts (démission) qui précise que «tout membre peut démissionner de la FAF. Il doit annoncer sa démission en envoyant une lettre recommandée au secrétaire général de la FAF.

La démission ne devient juridiquement valable qu’au moment où le membre a rempli toutes ses obligations financières à l’égard de la FAF et des autres membres de celle-ci». En vertu de cet article, la démission du président, annoncée le 31 mars dernier, n’est pas juridiquement valable pour les motifs indiqués dans l’article.

Des membres du Bureau fédéral ont dès lors annoncé leur intention de briguer le poste qu’ils croyaient déjà vacant à la seule annonce verbale du président, qui s’est rétracté 3 jours plus tard. Ainsi, le Bureau fédéral a affiché sa division sur des relents de règlements de comptes. Si vraiment l’intérêt du football est le souci premier des membres du Bureau fédéral, le président compris, ils doivent quitter la Fédération. Les raisons ne manquent pas.

A commencer par le bilan catastrophique de leur gestion des affaires du football pendant 12 mois. Ils n’ont pas mis en œuvre une ligne de leur pompeux programme constitué de 11 points.

Dans le préambule du programme, il est écrit : «L’ambition clairement affichée par la mise en œuvre de ce programme vise à développer le football algérien, à garantir sa progression et à lui permettre ainsi de rayonner au niveau international». Du verbiage et du mensonge. Il a annoncé «une nouvelle ambition pour notre football qui soit à la mesure des rêves des millions d’amoureux de ce sport».

A la place de cette fumeuse promesse, les millions d’Algériens ont eu droit à des épisodes douloureux où des membres du Bureau fédéral se disputaient le butin de guerre de la fédération (l’argent, les voyages et les frais de missions). Le programme du candidat Amara et de son Bureau fédéral avait décliné les principaux chantiers de leur programme sur la réforme, la modernisation et la performance. Le premier chantier était une profonde refonte institutionnelle et structurelle.

En premier, il y avait la réforme des statuts de la FAF et de ses démembrements (les ligues) à mettre en adéquation avec les statuts de la FIFA. Suivaient la revue des textes régissant le jeu, la révision du système de compétition, le professionnalisme avec l’élaboration d’un modèle plus viable et pérenne, de nouveaux schémas de financement. Des paroles sans suite. Les nouveaux statuts sont prêts depuis le 29 juin 2021 et moisissent les tiroirs.

La refonte structurelle promise et le développement des conditions de la pratique du football sont restés lettre morte. La formation et le développement des métiers du football sont restés des vœux pieux. La Direction technique nationale (DTN) est sans responsable depuis la fin de fonction de Ameur Chafik entériné depuis plusieurs semaines. L’annonce de la mise sur pied du collège technique national (CTN) est restée au stade d’une promesse (une de plus).

Le développement des infrastructures est resté sans lendemain. La promotion et le renforcement des relations institutionnelles a connu le même sort, tout comme la promotion de l’intégrité et du respect du jeu. La médecine du sport et la santé des joueurs attendent toujours les premières actions dans cette direction.

Le renforcement de la diplomatie du football et des relations internationales n’a pas vu un iota d’application. C’est des sujets et domaines qui sont à la ramasse. Jamais la FAF n’a été si mal représentée ni respectée comme c’est le cas aujourd’hui. Là aussi, ce chapitre des relations internationales est un simple slogan.

Rien du programme présenté n’a vu un début d’application. Où sont les promesses d’organisation de la conférence internationale du football algérien (CIFA) annoncée en grande pompe dans le programme ? Où sont les assises du football promises pour le premier semestre du mandat ? L’accompagnement du football non structuré ?

Où en est l’opération de lancement du fonds de soutien du football amateur ? La promotion du football dans les écoles ? En face de ces défis, jamais tenus, le football et ses acteurs ont eu droit au mépris, au non-respect des engagements consignés dans le programme du candidat Amara et de son Bureau fédéral.

Dans un message qu’il avait lancé la veille de son élection, le candidat Charaf Eddine Amara, au nom des membres de son Bureau fédéral, avait remercié les dirigeants qui se sont succédé à la fédération et plus particulièrement qui avaient mis sur les rails le football algérien post- indépendance.

Il avait dit : «Toute notre reconnaissance aux hommes qui ont constitué la Fédération algérienne de football en trois mois (juillet-août- septembre 1962)». C’est vrai, en l’espace de 3 mois seulement, ils ont fondé la FAF et jeté les bases des premières compétitions. Le Bureau fédéral élu le 15 avril 2021 n’a pas mis en œuvre un des onze points de son programme en 12 mois. 

Pour tout ce qui précède, le président et les membres du Bureau fédéral doivent quitter la table.

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