Commentaire / A quand la fin des dérives statutaires et règlementaires ?

16/05/2023 mis à jour: 01:29
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L’affaire NRB Beni Oulbane – WA Zighoud Youcef (division Inter-régions) étale au grand jour la méconnaissance des statuts de la fédération et les règlements du football par ceux qui sont censés faire une juste application des textes dans le traitement des affaires. 

Les manières avec lesquelles l’affaire en question a été traitée laissent pantois. Rappel des faits : la rencontre NRB Beni Oulbane – WA Zighoud Youcef a été marquée par de graves dépassements survenus lors des derniers instants de la partie. Une vidéo virale, qui a fait le tour du monde, a montré la présence de nombreux individus à proximité de la cage du gardien visiteur sur un corner accordé à l’équipe locale. La suite des images a dangereusement discrédité le football algérien. 

Des images dignes d’un match de quartier disputé sur un terrain vague. Dès que le corner a été botté, au moins une douzaine d’individus se sont littéralement projetés sur le gardien et l’un d’eux a poussé le ballon au fond des filets. L’arbitre, bien visible sur les images de la vidéo, a validé le but de l’égalisation (2-2) qui a donné lieu à un envahissement de terrain. 

Sur la feuille de match, le referee a mentionné : «chrono (temps réglementaire), score 2-2». Là, il faut rappeler que le règlement précise : «Le rapport de l’arbitre (feuille de match) est opposable à tous.» 
C’est-à-dire que le dernier mot lui revient pour tout ce qui touche ce qui se passe sur le rectangle vert. La commission de discipline de la ligue Inter-régions (LIRF) a traité l’affaire en première instance et prononcé une batterie de décisions comme les règlements généraux lui donnent le droit. Un des attendus (décisions) qu’elle a prononcé a beaucoup intrigué. Il s’agit de celui où elle souligne : «Score 2-1 en faveur du WA Zighout Youcef.»  Là, elle est totalement sortie de son cadre. Sur la feuille de match, l’arbitre a mentionné : «Score 2-2.» 

Ni elle ni aucune autre autorité ne peut modifier le score transcrit sur la feuille de match par l’arbitre. Cette faute grave aurait dû valoir à ses auteurs (la commission de discipline de la LIRF) une fin de mission en bonne et due forme. Personne ne l’a fait car personne à la ligue ne maîtrise les règlements généraux. Le meilleur allait venir avec le recours introduit par le NRB Beni Oulbane qui a contesté dans le fond les décisions prononcées contre le club et le président. La commission de recours de la fédération lui a donné partiellement raison sur quelques points. Elle lui a restitué les 3 points défalqués (le gain du match a été maintenu au profit du club de Zighoud Youcef), la sanction du président Tabou a été ramenée de 2 ans de suspension avec proposition de radiation à vie à un an de suspension. 

La commission de recours a infirmé la décision de la commission de discipline de la LIRF sur le score du match. Elle a suivi ce qui était noté sur la feuille de match (2-2). Il faut se demander où les membres de la commission de discipline sont-ils allés chercher le score de 2-1 et sur quelle base réglementaire était fondée leur décision ? Comme toujours, le meilleur est pour la fin. Les deux parties ont le droit de recourir à l’arbitrage du Tribunal arbitral du sport algérien (TAS) pour dénoncer l’illégalité de la composition de la commission de recours. 

En effet, cet organe juridictionnel a statué sur cette affaire, et bien d’autres avant, sans que sa composition soit conforme à ce qui est énoncé dans les statuts de la FAF et de la Fifa. 

Dans le document (décision) transmis aux deux parties concernées, il est noté la présidence du membre Mohamed Guernouz lors de la séance d’étude de l’affaire. C’est une grave infraction aux statuts de la FAF et de la Fifa qui précisent que «la commission de recours est un organe juridictionnel indépendant. 
Ses membres doivent être indépendants et n’appartenir à aucun organe de la fédération (assemblée générale de la FAF, membre du bureau fédéral, membre de ligue ou de club). 

La personne membre de la commission de recours de la fédération ne doit pas avoir un statut d’officiel de la fédération». Mohamed Guernouz est un officiel de plein de droit de la FAF de par sa qualité de président de la ligue régionale de Blida. Donc, c’est un officiel de la fédération. Le président de l’instance faîtière doit mettre un terme à ce bazar qui empoisonne la vie du football algérien. 

C’est grave. Une fédération qui transgresse ses statuts et règlements, au su et au vu de tout le monde, n’apporte jamais rien au football. Djahid Zefizef, comme tous ceux qui l’ont précédé à cette haute fonction, ne pourra pas dire : «Je ne le savais pas.»
 

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