Comment l’Argentine veut utiliser l’IA pour prédire de futurs crimes et attentats

06/08/2024 mis à jour: 00:12
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Il y a peu de temps encore, l’idée d'utiliser l'intelligence artificielle (IA) pour prédire l’avenir semblait farfelue. Cependant, les progrès de cette technologie la rendent aujourd'hui bien plus concrète. 

Certains gouvernements y voient déjà une aubaine, comme celui du président argentin de droite nationaliste, Javier Milei. Début août, il a annoncé la création d’une Unité d’intelligence artificielle appliquée à la sécurité. Cette unité utilisera les « algorithmes d’apprentissage automatique » pour analyser « les données historiques sur la criminalité », rapporte le Guardian. L'objectif est de prédire les crimes et attentats potentiels dans le pays.

Une unité spécialisée pour la sécurité

La résolution autorisant la création de cette unité est disponible sur le site du journal officiel de la République d’Argentine. Le texte, adopté le 26 juillet, stipule que l’Unité d’intelligence artificielle appliquée à la sécurité (UIAAS) sera dirigée par le Directeur de la Cybercriminalité et des Affaires cybernétique. Intégrée aux Forces de Police et de Sécurité Fédérales argentines, elle a pour mission « la prévention, la détection, l’investigation et la poursuite du crime et de ses connexions à travers l’utilisation de l’intelligence artificielle. »

Établir des profils de suspects avec des données

Le gouvernement argentin affiche une ambition importante pour cette unité. Le président compte sur l’IA pour « surveiller les réseaux sociaux, les sites internet, les applications ainsi que le Dark Web », dans le cadre d’enquêtes sur des crimes et pour identifier leurs auteurs, précise l’article 4 du texte. L’IA est également destinée à détecter des situations de risque grave pour la sécurité, dans le respect de la Constitution Nationale et de la législation en vigueur.

Dans le cadre des enquêtes, les IA utilisées pourront « identifier et comparer des images sur support physique et virtuel et analyser les images des caméras de sécurité en temps réel afin de détecter des activités suspectes ou d’identifier des personnes recherchées grâce à la reconnaissance faciale. »

Collecte et traitement des données

Le gouvernement argentin souhaite aller plus loin dans la collecte et le traitement des données. Les intelligences artificielles utilisées dans cette unité seront basées sur l’apprentissage automatique. Elles seront alimentées par un grand nombre de données, notamment les données historiques des crimes commis dans le pays, afin de « prédire les futurs délits et aider à les prévenir. » De plus, les IA auront accès à des données provenant « de diverses sources » pour créer des profils de suspects ou identifier des liens entre différents cas.

Les défenseurs des droits de l’homme inquiets

Cette résolution suscite des inquiétudes chez les défenseurs des droits de l’homme et certains experts. Le document ne précise pas l’encadrement de l’usage de l’IA, ce qui fait craindre à certains une surveillance de masse ciblant des groupes spécifiques. Mariela Belski, directrice exécutive de l’ONG Amnesty International Argentine, a déclaré que « la surveillance à grande échelle affecte la liberté d'expression car elle incite les gens à s'autocensurer ou à s'abstenir de partager leurs idées ou leurs critiques s'ils soupçonnent que tout ce qu'ils commentent, publient ou partagent est surveillé par les forces de sécurité. »

Le Centre Argentin d’Études sur la Liberté d’expression et l’accès à l’information a également exprimé des préoccupations, soulignant que « de telles technologies ont historiquement été utilisées pour ficher des universitaires, des journalistes, des politiciens et des militants, ce qui, sans supervision, menace la vie privée. »

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