Deux autres personnes ont été tuées hier dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens du Liban, portant à huit le nombre de morts dans des affrontements y ayant débuté samedi, rapporte l’AFP citant des sources médicales.
Les combats opposent des combattants du Fatah, principale organisation palestinienne dirigée par le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à des groupuscules islamistes dans le camp de Aïn Al Héloué, dans le sud du pays, selon la même source.
Un homme de 31 ans a succombé à ses blessures, alors qu’il subissait une intervention chirurgicale, a indiqué à l’AFP le docteur Riad Abou Al Einein, directeur de l’hôpital Al Hamchari à Saïda, ville voisine du camp, ajoutant que l’établissement avait reçu 13 blessés. «Aujourd’hui, nous avons reçu un mort et six blessés», a déclaré de son côté Norma Mohsen, une responsable de l’hôpital Al Raï de Saïda.
Les affrontements à l’arme automatique et à la roquette antichar se sont poursuivis hier, malgré l’annonce d’un cessez-le-feu dimanche soir. En vertu d’un accord de longue date, l’armée libanaise ne se déploie pas dans les camps palestiniens du Liban où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes. Les affrontements ont éclaté samedi à la suite de la mort d’un membre d’un groupuscule islamiste.
Par la suite, cinq membres du Fatah dont un responsable militaire ont été tués dans une embuscade.A Ramallah, en Cisjordanie occupée, la présidence palestinienne a dénoncé dimanche «l’assassinat terroriste» des membres du Fatah. Des affrontements entre groupes rivaux ont souvent lieu à Aïn Al Héloué où vivent 54 000 réfugiés palestiniens, auxquels s’ajoutent des milliers d’autres Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie. Le camp abrite des extrémistes et des fugitifs recherchés par les autorités libanaises. Plus de 450 000 Palestiniens sont enregistrés en tant que réfugiés au Liban auprès de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), mais le nombre réel de ceux qui résident toujours au Liban est d’environ 250 000, selon les estimations de l’ONU.
Un comité pour mettre fin aux divisions
Par ailleurs, les dirigeants politiques palestiniens ont décidé dimanche lors d’une réunion des factions palestiniennes à El Alamein, sur la côte nord égyptienne, de former un comité censé mettre fin à la division des Territoires occupés qui dure depuis 17 ans.
Cette nouvelle rencontre est censée «mettre fin à la division» entre les gouvernements parallèles du Hamas dans la bande de Ghaza sous blocus israélien et du Fatah de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, occupée depuis 1967 par Israël. L’ensemble des factions palestiniennes sont représentées à cette occasion à l’exception de deux factions minoritaires et du Jihad islamique pour protester contre les «arrestations politiques» de l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui siège à Ramallah en Cisjordanie. Ismail Haniyeh, dont le mouvement islamiste dirige la bande de Ghaza sous blocus israélien, a interpellé le président de l’Autorité palestinienne quant à mettre «fin à la coopération sécuritaire» avec Israël et aux «arrestations politiques» en Cisjordanie.
Ce dernier a dénoncé les sanglants affrontements qui ont suivi en 2007 les élections de 2006, remportées par le Hamas, mais dont les résultats n’ont jamais été reconnus ni par le Fatah ni par la communauté internationale. Le président palestinien évoque en la circonstance un «coup d’Etat». Dix-sept ans plus tard, «la division (...) doit cesser immédiatement», a soutenu Mahmoud Abbas. «Il faut revenir à un seul Etat, un seul système, une seule loi et une seule armée légitime.»
Pour cela, a-t-il dit à l’issue d’une réunion, il faut «former un comité pour poursuivre le dialogue (...) pour en finir avec la division et parvenir à l’unité nationale palestinienne». Il a dit espérer «une réunion prochaine en Egypte pour annoncer la fin de la division». «Il faut redessiner l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)», l’ombrelle qui chapeaute l’ensemble des factions palestiniennes, à l’exception du Hamas et du Jihad islamique, et «former un nouveau Parlement inclusif sur la base d’élections démocratiques libres», a affirmé I. Haniyeh à l’ouverture de la réunion.
L’OLP est «l’unique représentant légitime du peuple palestinien», a rétorqué Abbas, exhortant à «la résistance populaire pacifique», alors que le Hamas appelle à «la résistance totale»