Colombie : Nouveau record de cultures de coca et de production de cocaïne en 2022

03/10/2023 mis à jour: 09:19
AFP
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La production de drogues a augmenté en 2022, principalement à destination des Etats-Unis et de l’Europe

En 2021, le pays comptait 204 000 hectares de plantations de coca, soit déjà une augmentation de 43% par rapport à 2020. Si on constate un ralentissement de la croissance en 2022, ce chiffre est néanmoins le plus élevé enregistré par l’ONU depuis qu’il a commencé à surveiller la production de cocaïne en 2001.
 

La production de drogues a, elle aussi, notablement augmenté en 2022, principalement à destination des Etats-Unis et de l’Europe. Elle est passée de 1400 tonnes de cocaïne à 1738 tonnes.

Cette tendance à la hausse s’est consolidée depuis 2014, malgré la méthode musclée privilégiée pour lutter contre le narcotrafic. 65% des cultures de coca se concentrent dans les départements de Narino et Putumayo (sud), tous deux frontaliers de l’Equateur, et dans le département du nord Santander (nord-est), frontalier du Venezuela. Le reste du pays «a présenté un comportement relativement stable, avec une augmentation de 3% de la superficie cultivée en coca», précise le rapport.Sur les 1122 municipalités que compte la Colombie, la culture de la feuille de coca est présente dans 185 d’entre elles, ajoute l’Undoc. Près de la moitié des cultures de drogue (49%) se trouvent dans des réserves indigènes (10%), des réserves forestières (15%), dans les régions afro-colombiennes (19%) ou encore dans des parcs naturels (5%).
 

«Transformer les territoires»

Ainsi, la Colombie reste de loin le plus grand cultivateur de feuilles de coca au monde, devant le Pérou et la Bolivie. Les Etats-Unis, qui ont historiquement financé la guerre contre la drogue, sont les premiers consommateurs de la cocaïne colombienne. Ces nouveaux chiffres alarmants, avec une tendance qui ne devrait pas s’inverser en 2023, sont publiés alors que le président de gauche Gustavo Petro (élu à l’été 2022) n’a de cesse de dénoncer «l’échec» de la guerre contre la drogue et des politiques de répression totale mises en œuvre par ses prédécesseurs conservateurs et libéraux.Il y a quelques jours, lors d’un sommet latino-américain à Cali (sud-ouest) consacré au sujet, M. Petro a répété le même constat, à l’unisson de son homologue mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador. 

La Colombie et le Mexique sont «les plus grandes victimes» de cette guerre, ont affirmé les deux chefs d’Etat. «La politique, appelée guerre contre les drogues, a échoué. Elle ne sert à rien», a jugé M. Petro, soulignant que la répression ne contribue qu’à enrichir les mafias et à aggraver la violence, sans attaquer les problèmes de fond que sont la consommation dans les pays riches et la pauvreté en Amérique latine dont profitent les narcotrafiquants.
 

Lors de ce sommet, qui a réuni les représentants d’une vingtaine de pays d’Amérique latine et des Caraïbes, Lopez Obrador a également appelé à «s’attaquer aux causes» pour lesquelles des jeunes rejoignent les cartels du narcotrafic, comme le chômage, les faibles rémunérations et le mauvais accès à l’éducation. 
 

Dans la foulée de ce constat, la Colombie se prépare à adopter ces prochains jours une nouvelle politique contre le narcotrafic, visant à la fois au démantèlement et la réduction de l’influence des organisations criminelles, avec le maximum de saisies. Et à «stimuler en parallèle la transformation des territoires par la promotion d’économies licites et alternatives en faveur de la partie la plus faible de la chaîne de production», à savoir les petits paysans.
 

Cette politique a été élaborée en concertation avec «2700 leaders sociaux et 274 organisations communautaires touchées par ce fléau», qui seront ainsi «pour la première fois les protagonistes d’une politique d’Etat», selon le gouvernement. «Nous donnons la priorité à la lutte contre les grands acteurs (du narcotrafic) et non contre les paysans pauvres, dont le seul moyen de subsistance est la culture de la coca, puisque l’Etat ne leur a pas donné la possibilité de survivre en cultivant des produits licites», a expliqué le ministre de la Défense colombien, Ivan Velasquez. 

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