Le réseau réceptionnait des centaines de kilos de cocaïne dans le port du Havre, avec l'aide de dockers corrompus, pour les livrer à des mafias. Le procès de six hommes, soupçonnés d'être les principaux protagonistes de ce juteux trafic, s'ouvre mercredi 1er février aux assises du Nord, à Douai. Âgés de 29 à 56 ans, les accusés comparaîtront dès 9H00 et jusqu'au 16 février pour importation et trafic de produits stupéfiants en bande organisée, et association de malfaiteurs. Quatre d'entre eux, déjà condamnés pour trafic de drogue, encourent la réclusion criminelle à perpétuité, les deux autres 30 ans.
Dans le box, trois délinquants des quartiers populaires du Havre, déjà condamnés pour divers délits, sont soupçonnés d'être les «donneurs d'ordre» associés de ce réseau local, qui opérait pour des organisations internationales. Il s'agit de Mohamed Mellal, 31 ans, Youssef Boukhari Sardi, 40 ans, et Karim Djemel, 42 ans. Tous trois en détention provisoire, ils reconnaissent leur participation à certaines opérations, pour des commanditaires qu'ils refusent de nommer, mais contestent tout rôle de leader. Youssef Boukhari Sardi s'est qualifié de «sous-fifre» face au juge, tandis que Karim Djemel aimerait «que lui soit restituée sa juste place : pas du tout à la tête du trafic», selon son avocate Me Valérie Giard.
Tous issus du quartier des dockers
Près de six ans après les faits, trois autres accusés comparaissent libres sous contrôle judiciaire. Dione Mendy, 47 ans, ex-scaphandrier et videur de discothèque devenu patron d'une entreprise de BTP, est soupçonné d'être «John», celui à qui était destinée la drogue. Il aurait remis à Mohamed Mellal une clé USB contenant l'emplacement d'un «container pollué», retrouvée lors des perquisitions. Il jure n'avoir «rien à voir» avec l'affaire.
Louis Bellahcène, 56 ans, ex-gérant d'une entreprise de tuyauterie en invalidité, est soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire incontournable entre malfrats, commanditaire et ses précieux contacts sur les docks. Lui aussi réfute en bloc. «Les gens pensent que je suis le roi du port» mais ce ne sont que «des bavardages», a-t-il assuré lors de l'enquête. Dione Mendy et lui sont aussi soupçonnés de blanchiment. Lors des interrogatoires, ils ont peiné à s'expliquer sur leurs nombreux véhicules et vêtements de marque, voyages, biens immobiliers ou achats en espèces, en inadéquation avec leurs revenus. Le dernier accusé, Aziz Sallami, 29 ans, est soupçonné de s'être ponctuellement allié à l'équipe.
Tous vivaient ou gravitaient dans le quartier historique des dockers, enclavé dans la zone portuaire, «Les Neiges». Ils fréquentaient les mêmes bars, s'y laissaient des messages ou colis.