Climat : Les promesses d’aide financière des pays riches «probablement» atteintes

19/11/2023 mis à jour: 03:58
AFP
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Les pays riches ont «probablement» atteint en 2022 leur promesse de financement climatique annuel de 100 milliards de dollars pour les pays plus pauvres, selon l’OCDE, avec deux années de retard qui ont durablement abîmé la confiance au sein des négociations climatiques internationales.  

A deux semaine de la COP28 de Dubaï, l’Organisation de coopération et de développement économiques, chargée de la compatibilité officielle de cette promesse, a publié jeudi son rapport annuel. L’OCDE calcule que les pays riches ont atteint 89,6 milliards de dollars d’aide climatique pour 2021, l’année la plus récente pour laquelle les données sont complètes, la comptabilité étant complexe. Mais elle ajoute, par la voix de son secrétaire général Matthias Cormann, que «sur la base de données préliminaires et non encore vérifiées, l’objectif a probablement été atteint» en 2022.

 Cette nouvelle est «un rayon de soleil bienvenu» peu avant la COP28, qui va «aider à reconstruire la confiance absolument nécessaire entre les pays développés et en développement», a réagi Ani Dasgupta, président du groupe de réflexion américain World Resources Institute (WRI). Les pays riches, principaux responsables historiques des émissions de gaz à effet de serre, s’étaient engagés en 2009, sous l’égide de la Convention des Nations unies sur la lutte contre le changement climatique (CNUCC), à porter au chiffre rond de 100 milliards de dollars par an leur aide climatique d’ici 2020. 

Ces fonds doivent, par exemple, permettre aux pays pauvres de financer leur transition énergétique ou leur adaptation au changement climatique : construire des ouvrages de protection des côtes, aider les agriculteurs à mieux résister à des inondations ou des sécheresses, dans un monde déjà 1,2°C plus chaud qu’à l’ère pré-industrielle. Mais le retard pris pour honorer la promesse est devenu un motif de tension majeur, voire de blocage, dans les négociations climatiques internationales, qui culmineront cette année lors de la COP28 du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï. Sans compter que l’aide financière des pays riches, élément clé des négociations pour espérer des avancées sur le renoncement aux énergies fossiles, est insuffisante face aux défis, et de très loin. «D’ici 2025, on estime que les pays en développement auront besoin d’environ 1 000 milliards de dollars par an pour les investissements climatiques, ce chiffre passant à environ 2 400 milliards chaque année entre 2026 et 2030», rappelle Matthias Cormann en préambule du rapport.

 «Pour combler ce déficit, ces pays devront recourir à toute une série de sources de financement publiques, privées, nationales et internationales», souligne-t-il. Les 89,6 milliards de dollars fournis en 2021 représentent une hausse de 8% par rapport à 2020, soit «une augmentation substantielle (...) nettement plus élevée que la croissance annuelle moyenne de 2,1% observée entre 2018 et 2020», relève le secrétaire général. «Les pays riches doivent investir beaucoup plus dans la transition des pays en développement vers une économie à faibles émissions de carbone et résistante au changement climatique», résume Ani Dasgupta, «il n’y a pas d’autre moyen d’éviter la crise climatique». 

Les données du rapport montrent que le financement «pour les pays les moins avancés a en fait diminué, tout comme le financement de l’adaptation, c’est-à-dire précisément les deux flux les plus importants», a déploré Friederike Röder, de l’ONG Global Citizen. Le financement privé pour le climat «n’offre pas de promesse éternelle (...) et ne peut pas se substituer au financement public international», a-t-elle ajouté, tout en invitant à considérer l’hypothèse d’une taxation des profits des compagnies pétrolières, «près de 200 milliards de dollars en 2022» pour les 5 majors. Pour l’adaptation, les gouvernements des pays développés ont promis de doubler les financements d’ici 2025, pour atteindre 40 milliards de dollars par an. 

En dépit des signes évidents «d’une accélération des risques climatiques et de leurs impacts à travers le monde, le déficit de financement pour l’adaptation se creuse, désormais compris entre 194 et 366 milliards d’euros par an», a déploré début novembre un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). 

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