Claudia Sheinbaum sera investie demain : Les grands défis qui attendent la «Presidenta» mexicaine

30/09/2024 mis à jour: 06:40
AFP
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Claudia Sheinbaum, la candidate du parti de gauche du Mouvement pour la régénération nationale (Morena), a été élue Présidente du Mexique dimanche 2 juin

Claudia Sheinbaum, qui sera investie mardi première femme présidente dans l'histoire du Mexique, sera confrontée d'entrée aux immenses défis de la narco-violence et de l'avenir de la relation avec les Etats-Unis. 

«C'est le temps des femmes et de la transformation», proclame la présidente de gauche, 62 ans, qui va recevoir l'écharpe présidentielle verte, blanche et rouge des mains de son mentor, le très populaire président sortant Andres Manuel Lopez Obrador. L'ex-maire de Mexico prêtera serment devant le Parlement où son Mouvement pour la régénération nationale (Morena, gauche) et ses alliés disposent d'une majorité qualifiée permettant de modifier la Constitution sans les voix de l'opposition.


Les principaux présidents de gauche d'Amérique latine seront présents, comme le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva qui doit rencontrer aujourd’hui Mme Sheinbaum pour parler de la crise au Venezuela, a indiqué le gouvernement brésilien. Les Etats-Unis, qui absorbent 80% des exportations mexicaines, seront représentés par la première dame Jill Biden. Mme Sheinbaum commence son mandat par une crise avec un autre partenaire majeur, l'Espagne, qui boycotte l'investiture en jugeant «inacceptable» que son roi Felipe VI n'ait pas été invité. Claudia Sheinbaum reproche au roi de ne pas avoir répondu à une lettre du président sortant lui demandant des «excuses» pour les «dommages» provoqués par la conquête du pays il y a 500 ans.

La scientifique de formation prend les commandes d'un pays qui a enregistré près de 200 000 homicides pendant les six ans du mandat de son prédécesseur, plus que sous les deux précédents.   «Son principal défi sera d'aborder la détérioration de la situation sécuritaire», d'après Michael Shifter, du cercle de réflexion Dialogue inter-américain à Washington. La violence est principalement le fait des cartels qui se disputent les routes de l'exportation de la drogue vers les Etats-Unis, le trafic des migrants ou encore les détournements de combustibles. La lutte contre la violence de genre, avec une dizaine de femmes tuées chaque jour, figure aussi à l'agenda de la première présidente à la tête d'un pays à la réputation machiste.


Pragmatique 

Mme Sheinbaum a promis de continuer la stratégie sécuritaire de son prédécesseur. Lopez Obrador avait mis en avant des politiques sociales et non le tout-répressif pour s'attaquer aux causes du crime organisé comme la misère et l'exclusion (stratégie dite des «accolades, pas des fusillades»). La nouvelle présidente mise également sur davantage de coordination entre les services de sécurité et le parquet pour réduire l'insécurité, comme elle l'a fait dans la capitale. Mme Sheinbaum sera plus «technocratique» et moins dans la «rhétorique» que son prédécesseur, résume Michael Shifter. La présidente hérite d'un agenda politique conçu par son prédécesseur, qui lui laisse une vingtaine de réformes de la Constitution à mettre en œuvre, dont une très controversée réforme du pouvoir judiciaire déjà votée. 

Cette mesure, qui prévoit, cas unique au monde, l'élection des juges par un vote populaire dès 2025, inquiète les Etats-Unis et le Canada, au nom de la sécurité juridique de leurs investissements privés au Mexique. «Tout indique qu'elle est pragmatique et qu'elle comprend que le Mexique ne peut pas se permettre le luxe de se mettre à dos les deux gouvernements et de s'aliéner la confiance des investisseurs», selon Michael Shifter.   


Mme Sheinbaum a envoyé des messages aux marchés avec la composition d’«un cabinet pluriel, professionnel et non doctrinaire », estime l'essayiste mexicain Jorge Zepeda Patterson dans sa biographie « Presidenta ». L'avenir de la relation avec les Etats-Unis dépend du résultat de l'élection du 5 novembre qui se joue entre la démocrate Kamala Harris et le républicain Donald Trump. Mme Sheinbaum pourrait développer «une assez bonne relation avec Kamala Harris, parce qu'elles se ressemblent», estime Pamela Starr, professeur de relations internationales à l'université de Californie du Sud. «Elles seraient toutes les deux les premières femmes présidentes de leur pays», poursuit l'universitaire. 

«Elles sont toutes les deux sur la même longueur d'onde en ce qui concerne le changement climatique.» Les relations avec Donald Trump seraient bien plus difficiles parce que l'ex-président «n'a pas autant de respect pour les femmes que pour les hommes», selon Pamela Starr. Et la promesse de Trump d'expulser en grand nombre les migrants clandestins représenterait un défi pour cette relation vitale pour les deux pays, préviennent les experts. 
 

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