Cisjordanie occupée : L’armée israélienne tue une dizaine de civils

29/08/2024 mis à jour: 00:04
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Comme à Ghaza, l'armée d'occupation israélienne pratique la politique de la terre brûlée en Cisjordanie - Photo : D. R.

L’armée d’occupation israélienne a lancé, hier à l’aube, une grande offensive militaire contre de nombreux camps des villes de Jénine, Tubas, Tulkarem et Nour Shems en Cisjordanie occupée, tuant 11 Palestiniens et en blessant 18 autres. Des hôpitaux encerclés, des ordres d’évacuation de la population donnés, des dizaines d’arrestations opérées par les unités de l’armée sioniste malgré la riposte des combattants de la résistance, pendant que de nombreux colons s’attaquaient à des maisons palestiniennes à l’ouest dans la ville d’Hébron. La situation a poussé le président de l’Autorité palestinienne à interrompre sa visite en Arabie Saoudite et suscité une condamnation internationale.

Alors que la situation était au bord de l’explosion en raison des attaques de l’armée d’occupation, des perquisitions et des arrestations incessantes, des attaques violentes des colons contre les Palestiniens, leurs terres et leurs biens, la Cisjordanie occupée s’est réveillée, à l’aube de la journée d’hier, sur les sons assourdissants d’explosions et de crépitement des armes à feu.

Les forces d’occupation israélienne venaient de lancer, comme elles l’ont annoncé à travers les médias, «une opération militaire d’envergure» dans les camps des villes de Tubas, Jénine, Tulkarem et Nour Shems, pour faire face «à la menace d’explosion» qui,  selon le  mouvement de résistance, Hamas, vise «à élargir la guerre et le génocide sauvage en cours à Ghaza à la Cisjordanie».

Dès les premières heures de la journée, six Palestiniens ont été tués, selon le bilan du Croissant-Rouge palestinien. Cinq d’entre eux ont été tués par balles dans le village de Sir, au sud-est de Jénine, tandis que quatre autres sont  tombés en martyrs,  un peu plus tard, ciblés par une frappe d’un drone dans le camp d’ Al Far’a, au sud de Tubas. Pendant ce temps, des colons extrémistes s’attaquaient à des maisons de Palestiniens, à l’ouest de la ville d’Hébron et brûlaient les véhicules de ces derniers.

L’agression est intervenu au moment où Washington annonçait de nouvelles sanctions contre une organisation de colons extrémistes pour les actes de violence commis en Cisjordanie occupée. Selon le communiqué rendu public hier matin, par le porte-parole du département d’Etat, Matthew Millern, ces sanctions visent «en particulier une organisation non gouvernementale, Hashomer Yosh, et ses dirigeants accusés d’apporter un soutien matériel à la colonie sauvage de Meitarim en Cisjordanie, selon le département d’Etat».

Elles ciblent également «Yitzhak Levi Filant», présenté comme étant «coordinateur  de sécurité de la colonie de Yitzhar, en Cisjordanie.

En février 2024, il a dirigé un groupe de colons armés qui ont érigé des barrages routiers et effectué des patrouilles pour poursuivre et attaquer des Palestiniens sur leurs terres et les en expulser par la force», lit-on dans le communiqué, qui précise qu’il «est essentiel que le gouvernement israélien réclame des comptes aux individus et aux entités responsables de la violence contre les civils en Cisjordanie».

Pour sa part, l’Onu affirme que «des milliers de Palestiniens font l’objet d’arrestations, de tortures et de violence incessantes de la part des colons mais aussi rencontrent d’horribles obstacles dans leurs mouvements, des déplacements forcés, la destruction de leurs maisons...».

Pour l’Onu, «les opérations israéliennes en Cisjordanie menacent d’aggraver la situation chaotique dans les Territoires occupés, où le nombre de Palestiniens tués a atteint 637 en huit mois». Une violence qui n’a jamais cessé, étant encouragée par le gouvernement extrémiste que dirige le Premier ministre Netanyahu.  
Cette grave escalade à Jénine, Tulkarem et Tubas, au nord de la Cisjordanie occupée, pousse le président de l’Autorité palestinienne à interrompre sa visite en Arabie Saoudite et à rentrer «en urgence à Ramallah, pour suivre les événements», affirme l’agence palestinienne Wafa.

Pendant ce temps, l’armée encercle l’hôpital public Khalil Souleiman, à Jénine, et contrôle toutes les ambulances qui y accèdent. Même scénario à Tulkarem, où l’armée a pris d’assaut l’hôpital Ibn Sina, alors que des raids sont opérés contre les principales canalisations d’eau potable des deux  camps de Nour Shems et Tulkarem, où  l’armée fait face à une forte résistance des combattants.

Ordres de déplacements forcés, assaut contre les hôpitaux et attaques des colons

Des ordres de déplacements forcés sont donnés à la population, sommée par les militaires de quitter les maisons palestiniennes dans un délai de quatre heures. En fin de matinée, le Croissant-Rouge palestinien a dénombré 9 morts  et 11 blessés, dans les villes de Jénine, Tubas et Tulkarem, visées simultanément par des drones, mais aussi par des tirs d’armes lourdes.

Le Croissant-Rouge palestinien alerte sur la pression exercée sur l’hôpital Ibn Sina de Jénine, par des militaires qui bloquent ses accès. L’offensive israélienne commence à susciter des réactions internationales.

Le Bureau onusien des droits de l’homme dénonce et qualifie les attaques israéliennes «de violation du droit international, qui menacent de faire exploser la situation». Il exige «l’arrêt immédiat des opérations militaires, les attaques menées par les colons et les ordres de déplacement forcé des Palestiniens».

L’Autorité palestinienne dénonce, elle aussi, ce qu’elle présente comme «une escalade dangereuse et appelle la communauté internationale à une intervention urgente». Sur le terrain, la situation s’aggrave avec l’étendue de l’opération.

Des dizaines de Palestiniens sont arrêtés à l’issue d’opérations de perquisition dans leurs maisons, alors que des sièges se renforcent autour des hôpitaux. Dans ce climat de terreur, le ministre des Affaires étrangères de l’Etat  hébreu,  Yasrael Katz, déclare : «Il faut traiter la menace comme à Ghaza, exécuter les ordres de déplacement de la population.

C’est une guerre contre tout.» Des déclarations déshumanisantes qui ressemblent à celles d’autres dirigeants israéliens, à la veille de la guerre génocidaire menée depuis près de 11 mois contre Ghaza. Le Croissant-Rouge palestinien trouve des difficultés à évacuer les nombreux blessés, au moins dix-huit,  signalés à Tubas, Tulkarem et Jénine, où l’armée d’occupation affirme avoir tué des combattants par des raids aériens.

En fin de matinée et sur fond d’intenses accrochages avec la résistance,  un important dispositif de l’armée d’occupation appuyé par des hélicoptères et des avions de combat, contrôle toutes les zones, villes et camps du nord de la Cisjordanie.

La presse israélienne fait état d’une participation massive de l’armée de l’air et d’importantes forces ainsi que des services du Shin Bet (sécurité intérieure). Dans l’après-midi, le Croissant-Rouge palestinien a fait état de nombreuses arrestations parmi ses unités dans le camp d’Al Fara’a, au sud de Tubas, qui a fait l’objet de frappes.

A Al Qods occupé, l’armée sioniste a pris d’assaut le camp de Shufat, au nord de la ville, où elle a déployé d’importantes forces pour fermer ses accès et ses sorties. Dans le camp de Jénine, d’intenses accrochages opposent la résistance aux forces d’occupation qui font pression sur les équipes médicales de l’hôpital de la ville et entravent la prise en charge des blessés.

De nombreux habitants ont été sortis de force de leurs maisons, alors que plusieurs tireurs d’élite israéliens sont postés sur les toits et les bâtiments. A Tubas, des dizaines de Palestiniens sont arrêtés et gardés dans un des immeubles du camp d’Al Far’a.

Jusqu’en fin de journée, d’intenses combats entre les phalanges de la résistance et l’armée israélienne, se poursuivaient, sur fond de bombardements et de siège des camps des villes de Jénine, Tulkarem et de Tubas,  mais aussi sur fond de réactions internationales contre cette autre guerre que mène l’entité sioniste en Cisjordanie, ce territoire qu'Israël occupe illégalement et pour lequel, en  juillet dernier, il a été sommé par la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, de l’évacuer, mais aussi d’assumer sa responsabilité dans la protection de ses habitants. 
 

 

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