Chrea (Blida) : Entre ordures et béton

02/09/2023 mis à jour: 04:51
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Des scènes désolantes pour l’une des plus belles régions du pays - Photo : D. R.

Belle et endroit propice pour les villégiatures, la montagne de Chrea croule malheureusement sous les ordures. Un phénomène menaçant même son écosystème d’autant que l’Unesco a classé, en 2002, le parc de Chréa comme réserve mondiale de la biosphère grâce à ses plus de 1200 espèces animales et végétales qui y sont recensées.

En effet, là où le visiteur va, ce sont les déchets qui attirent en premier son attention. Les canettes et les bouteilles en plastique constitue le principal décor «terrestre» visible.

Les plus disciplinés jettent leurs ordures dans les poubelles réservées à cet effet. Mais ces dernières sont souvent bondées, comme c’est le cas aussi des grands bacs car, apparemment, le ramassage des déchets n’y est pas régulier. Pour le président de l’association les Amis de Chréa, «Chréa est très sale. Et la majorité des visiteurs ne respectent pas l’environnement. Dommage», a t-il regretté, ajoutant dans la foulée le problème de la bétonisation, à outrance, de Chréa, ces nombreuses constructions inadaptées au cadre forestier et ces chantiers délaissés depuis plusieurs années, engendrant poussière et pollution environnementale et visuelle.

Un visiteur estime de son côté que la commune de Chréa a sa part de responsabilité en n’ayant pas mis suffisamment de bacs ou de poubelles pour pouvoir contenir les déchets générés par les simples touristes qui viennent en masse, surtout les week-ends ainsi que  par de nombreux estivants qui y passent leurs vacances dans les chalets. En plus, aucune campagne de sensibilisation digne de ce nom n’a été lancée pour sensibiliser la population sur la nécessité de prendre soin de nos forêts. Brahim, un autre touriste, se souvient d’un temps où Chréa rimait avec les belles et fortes senteurs provenant de l’essence des arbres, chose qui a tendance à disparaître malheureusement.

L’artiste blidéen, Farid Khodja, qui a passé d’ailleurs ses vacances à Chréa, donne son avis avec un air poétique : «Chrea est certes, un havre de paix, un sanctuaire naturel propice à la flânerie, au ressourcement. On n’y voit pas le temps passer, ou du moins on aimerait ne pas le voir passer vite... Tout semble offrir au visiteur, d’un jour ou de plus, un cadre enchanteur.

Une soupape de sécurité, un exutoire aux vicissitudes de la vie trépidante de la ville, de surcroît en été. Un bol d’air agrémenté d’une palette de couleurs verdoyantes, et d’une brise aux mille parfums. L’élixir des amateurs de la nature. Ceux qui y viennent pour la glorifier. Combien sont-ils ? Certes beaucoup.

Mais combien sont ceux qui n’y voit qu’un tas de feuilles, des silhouettes déformées aux troncs marron. Un réceptacle de leurs ordures qu’ils ne peuvent mettre dans un sac et prendre avec. Oui, la profanation du beau est de mise pour certains. Le sacral de ce beau sanctuaire n’est que balivernes. Tant pis, ils reviendront et verront leurs détritus parsemer le sol, comme ça , ils se sentiront moins seuls. La compagnie a, aujourd’hui, un nouveau visage.»

Enfin, Chréa est devenue tellement sale qu’on ne cesse de voir, ces derniers temps, des sangliers sillonnant les chemins «réservés» d’habitude à l’homme et même les placettes publiques à la recherche de la nourriture. Un dérèglement environnemental qui en dit long sur la bêtise de l’homme... La sonnette d’alarme est encore une fois tirée... 

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