Attaqué de toutes parts sur son virage à 180 degrés sur le Sahara occidental, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, s’expliquera la semaine prochaine devant les députés, a indiqué hier la porte-parole du gouvernement, rapporte l’AFP.
L’Espagne a opéré vendredi un changement de position radical sur son ex-colonie, en se prononçant pour la première fois publiquement en faveur de la proposition d’autonomie du Maroc, alors qu’elle a toujours prôné la neutralité, afin de mettre fin à une crise diplomatique avec Rabat. «Le chef du gouvernement comparaîtra devant la Chambre des députés (...) pour rendre compte des conclusions du Conseil européen (...) du sommet de l’Otan» qui se tiendra jeudi à Bruxelles, «et de ce nouveau cadre des relations avec le Maroc», a déclaré Isabel Rodriguez à l’issue du Conseil des ministres. «Cela sera très probablement mercredi prochain», a-t-elle ajouté.
Le conflit du Sahara occidental, considéré comme un «territoire non autonome» par l’Organisation des Nations unies (ONU), oppose depuis des décennies le Maroc soutenu par la France aux indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination.
Ce virage diplomatique de Pedro Sanchez, qui a notamment pour but d’obtenir une «totale coopération» de Rabat sur le contrôle de l’immigration illégale, a été attaqué de toutes parts en Espagne, en particulier par la gauche radicale de Podemos, alliée des socialistes au sein de la coalition au pouvoir et favorable à l’autodétermination des Sahraouis. Devant la presse, Isabel Rodriguez a de nouveau défendu l’accord avec Rabat, qui permet «de mettre fin à une crise politique entre les deux pays». «Nous travaillions depuis des mois» sur cet accord qui est «une bonne nouvelle pour notre pays», a-t-elle affirmé.
Ce changement de position de Madrid a rendu furieux Alger, qui a rappelé samedi son ambassadeur en Espagne. L’accord avec Rabat «n’affecte en rien la relation avec d’autres pays», «l’Algérie est aussi pour nous un partenaire solide, stratégique et prioritaire et un fournisseur d’énergie fiable», a assuré Isabel Rodriguez.