Attaqué de toutes parts en Espagne, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a défendu hier son virage sur le Sahara occidental et promis des relations «plus solides» avec le Maroc, rapporte l’AFP.
«Nous mettons fin à une crise» diplomatique avec Rabat, mais «le plus important est que nous posons les bases d’une relation beaucoup plus solide, beaucoup plus forte avec le royaume du Maroc», a-t-il déclaré lors d’une visite dans l’enclave espagnole de Ceuta, située sur la côte nord du Maroc. C’est la première fois que le Premier ministre espagnol s’exprime publiquement sur ce sujet depuis l’annonce, vendredi, du soutien de l’Espagne à la proposition marocaine d’autonomie pour l’ex-colonie espagnole.
Causée par l’accueil en Espagne en avril du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, pour y être soigné de la Covid, la brouille entre Rabat et Madrid a entraîné l’arrivée mi-mai de plus de 10 000 migrants à Ceuta, à la faveur d’un relâchement des contrôles côté marocain. «Il n’était pas soutenable pour l’Espagne d’avoir des relations rompues» avec «un pays stratégique comme le Maroc», a observé P. Sanchez. Elément central pour Madrid, il a affirmé que cette «normalisation» des relations avec Rabat allait permettre de «consolider» le «contrôle migratoire» de la part du Maroc, d’où partent l’essentiel des migrants vers les côtes espagnoles. Le Maroc a été régulièrement soupçonné, par nombre d’observateurs, d’utiliser l’immigration illégale comme un moyen de pression sur l’Espagne.
Le conflit du Sahara occidental oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario. Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté, tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination. Affichant jusqu’ici une position de neutralité, Madrid considère désormais publiquement que le plan d’autonomie marocain est «la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend». Un «revirement» qui a provoqué le rappel samedi par Alger de son ambassadeur en Espagne. Critiqué par ses alliés de gauche et par l’opposition de droite, P. Sanchez a défendu la décision de son gouvernement qui n’a fait, selon lui, qu’«approfondir la position déjà manifestée par d’autres gouvernements espagnols» par le passé et «suivre la position manifestée par d’autres nations puissantes», comme «la France et l’Allemagne».