En pleine forêt dans la banlieue d’Alger, le centre de prévention et de lutte antidrogue accueille des toxicomanes de toute l’Algérie pour soigner leur addiction par le biais du sport, dans un pays où la consommation de drogue a explosé ces dernières années.
Ouvert depuis 2019, le centre de l’Organisation nationale pour la promotion des jeunes a déjà soigné près de 8000 toxicomanes avec une méthode douce privilégiant le sport et une prise en charge psychologique.
Des jeunes viennent deux fois par semaine dans les locaux au cœur de la forêt de Bouchaoui, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de la capitale, où le chant des oiseaux se mêle aux versets coraniques. «Je suis venu ici de mon plein gré et déterminé à en finir avec mes addictions», explique Chafik (un nom d’emprunt), qui en est à sa quatrième séance.
Zone de transit de la drogue vers l’Europe et le Moyen-Orient, l’Algérie, plus grand pays d’Afrique, bordant la Méditerranée, a enregistré une hausse du nombre de toxicomanes d’environ 38% entre 2021 et 2022, selon des médias locaux.
Au cours du premier semestre 2023, les forces de sécurité ont saisi environ neuf millions de comprimés de substances psychotropes, soit un bond de 70% par rapport à la même période de 2022, tandis que les quantités de résine de cannabis ont diminué d’environ 30% au cours de la même période, selon l’Office national de lutte contre la toxicomanie (ONLCDT).
En 2023, l’armée a saisi plus de 57 tonnes de résine de cannabis, plus de 11 millions de pilules de drogues et près de 100 kg de cocaïne et arrêté 2723 trafiquants de drogues. «La drogue est devenue une obsession qui terrifie les familles algériennes», souligne Ayoubi Mihoubi, professeur de sociologie à l’université d’Alger.
D’après l’ONLCDT, l’Algérie compte «plus de trois millions de toxicomanes, dont 3% de femmes, ce qui est très effrayant au regard du nombre d’habitants estimé à 45 millions, alors que le nombre ne dépassait pas les 300 000 en 2010 sur une population de 35 millions», souligne le professeur. Les drogues les plus consommées en Algérie sont des substances psychotropes, comme la prégabaline, utilisée pour traiter l’épilepsie, d’après l’Office qui publie périodiquement des statistiques sur les quantités de stupéfiants saisies par les forces de sécurité et l’armée.
Dans le centre de prévention, confie à l’AFP Kamel (nom d’emprunt), «des gens s’intéressent à toi et t’aident à te débarrasser de ton addiction. Ils te donnent du courage. En l’espace de deux mois, j’ai réussi à guérir et à préserver mon argent» dépensé pour l’achat de la drogue, ajoute cet homme soulagé d’avoir cessé de consommer de la drogue.