La Suède et la Finlande vont envoyer des délégations à Ankara cette semaine, avec l’espoir de convaincre la Turquie de ne plus s’opposer à leur candidature pour rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).
C’est ce qu’a annoncé hier le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, lors d’une table ronde à Davos, où le Forum économique mondial organise une réunion cette semaine, selon l’AFP. «Quand on voit les problèmes arriver, bien sûr, on prend la voie diplomatique. Nous envoyons nos délégations visiter Ankara, depuis à la fois la Suède et la Finlande.
Cela se passera demain», a-t-il indiqué. L’intervention de la Russie en Ukraine a poussé Helsinki à repenser la position qui l’a longtemps fait rester en dehors de l’Alliance atlantique, a rappelé le ministre. «Nous pensons que l’Otan est un groupe de 30 pays démocratiques avec des valeurs communes et une coopération transatlantique très forte, et c’est ce que nous recherchons en ce moment», a-t-il ajouté.
Cependant, la Turquie a ouvert une crise au sein de l’Alliance, dont elle est membre, en s’opposant à l’adhésion de ces deux pays, qui a reçu le soutien de l’écrasante majorité des autres Etats membres.
Selon la télévision privée turque NTV, qui cite le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, Ankara a préparé un «projet d’accord» qui servira de base aux discussions. La Turquie veut des «garanties» qui peuvent être données dans un accord officiel et signé.
Un peu plus tard, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé hier lors du forum de Davos la participation des deux pays nordiques au sommet qui se tient du 28 au 30 juin, à Madrid. «Ce sont deux grandes démocraties (...) et je crois qu’il est très important (...) de les avoir de notre côté en tant qu'alliés de l'Otan», a-t-il poursuivi.
Et de soutenir : «L’ambiance, le contexte actuel et la volonté politique des alliés est de travailler au sujet de ces deux pays», estimant que l’Espagne compte, pour sa part, «accélérer le processus parlementaire» en vue de ratifier cette adhésion. Il a indiqué que le «but principal» du sommet de Madrid sera «l’unité entre les alliés» et «entre l’Otan et l’Union européenne».
Ankara a accusé les pays nordiques, et en particulier Stockholm, qui compte une large communauté d’immigrants turcs, d’abriter des militants kurdes ainsi que des soutiens du prédicateur Fethullah Gülen, installé aux Etats-Unis depuis 1999 et accusé d’avoir orchestré la tentative de coup d’Etat de juillet 2016.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a encore prévenu samedi qu’il s’opposerait à la candidature des deux pays à l’Otan tant qu’ils ne répondraient pas à ses demandes en matière de lutte contre le terrorisme. Ce qui pourrait représenter un obstacle majeur, car un consensus est nécessaire pour les décisions de l’Alliance.