CAF : Le double langage de Motsepe

24/07/2022 mis à jour: 23:12
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Photo : D. R.

La visite qu’a effectuée le président de la CAF à Alger (16-17 juillet 2022) a suscité beaucoup de réactions et de commentaires du côté du royaume chérifien. La presse marocaine en a fait ses choux gras et fait une lecture négative pour l’Algérie et la FAF.

Elle a même extrapolé sur ce qui a été dit lors de l’audience, tout à fait protocolaire, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a accordée à l’hôte de l’Algérie. Elle a pris ses désirs pour des réalités et affirmé : «Patrice Motsepe, le président de la CAF, a délivré un message politique très fort en martelant qu’il ne reconnaît que les 54 Fédérations membres de la CAF», allusion faite à la République arabe sahraouie dont l’adhésion à la CAF a été contrée par le Maroc lors du 43e congrès tenu à Rabat.

La presse marocaine est revenue avec moult détails sur ce rendez-vous, au cours duquel les représentants algériens présents dans la salle au moment du vote n’ont pas pris la décision appropriée. Le rejet de la résolution marocaine qui faisait obligation à chaque nouvelle Fédération africaine, nouvellement constituée, d’intégrer d’abord les rangs des Nations unies avant de postuler à la qualité de membre à la CAF. Les représentants de la FAF, présents dans la salle, n’ont pas voté non.

La presse marocaine a qualifié le scrutin de «vote unanime à 100% qui comptait également celui des délégués algériens présents dans la salle». Le Maroc a qualifié ce vote «de grande victoire du Maroc qui, à la faveur de l’adoption de la résolution excluant la République arabe sahraouie d’intégrer la CAF et infliger ainsi une défaite à l’Algérie et à l’Afrique du Sud» qui auraient planifié depuis 2016 l’intégration de la République arabe sahraouie au sein de la CAF.

Les langues se délient du côté marocain et laissent apparaître la stratégie mise en place pour isoler l’Algérie au sein de la CAF. Jusqu’à présent, elle a réussi grâce à la complicité du président de la FIFA, Gianni Infantino, qui dès le départ a joué la carte du Maroc pour mettre la CAF dans sa poche. Il a fermé les yeux sur la trentaine de contrats de partenariat que la Fédération marocaine a signés avec des Fédérations du continent la veille de l’arrivée du Malgache Ahmad Ahmad à la tête de la CAF, fermant les yeux sur le conflit d’intérêt qu’il y avait derrière cette manœuvre que la Fédération algérienne n’a jamais dénoncé.

Le président de la FIFA est-il impliqué dans le silence de la FAF par rapport à tout ce que faisait la Fédération marocaine ? Certains cercles en Algérie avaient déclaré : «Infantino va ouvrir un bureau de liaison en Algérie (mars 2021)». Aujourd’hui, la FAF doit reconquérir le terrain perdu. A commencer par adopter une stratégie offensive et ne plus céder de terrain à ceux qui veulent la réduire à une portion congrue.

La visite de Patrice Motsepe à Alger était une belle occasion pour baliser la route au retour en force des dirigeants de la FAF qui se gargarisent des propos de circonstance tenus à Alger par le Sud-Africain et doivent réviser leurs calculs. Il ne fera rien pour la FAF. Cela lui coûtera son trône à la CAF. Lors de sa visite à Alger, il s’est contenté de caresser ses hôtes dans le sens du poil : «Vous êtes un grand pays, le CHAN en Algérie sera le meilleur de toute l’histoire de cette compétition…».

Aux Algériens qui rêvent de l’organisation prochainement de la CAN en Algérie, il n’a pas soufflé un mot sur le sujet. Dès qu’il est arrivé au Maroc, il s’est fendu d’une déclaration qui met fin au rêve des Algériens en déclarant : «Je suis favorable à ce que deux pays de la zone 5 (qui compte 12 membres) co-organisent la CAN 2025. Cette zone n’a pas abrité de CAN depuis des lustres».

La messe est dite. Il préfère confier la CAN à l’Ouganda et à la Tanzanie et pas à l’Algérie pour ne pas mécontenter le Maroc. L’Algérie avait une belle opportunité pour organiser le congrès durant lequel les délégués voteront pour les membres qui intégreront le comité exécutif de la CAF. La FAF a-t-elle fait acte de candidature pour l’organisation de ce congrès à travers lequel elle pourra récupérer la place qu’elle a perdue en 2017 ? L’avenir le dira.
 

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