Selon plusieurs sources sécuritaires jointes hier, une première attaque a visé jeudi un poste avancé des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils de l’armée à Rakoegtenga, une ville située dans la province de Bam (nord). Six d’entre eux sont morts ainsi qu’une femme a précisé, à l’AFP un responsable local des VDP. Plus à l’ouest, dans la province de Nayala, une «embuscade» a eu lieu «contre un convoi escorté par des militaires et des VDP sur l’axe Siena-Saran» a indiqué cette même source. «Une dizaine d’autres VDP et un civil sont tombés dans cette deuxième attaque», a précisé ce responsable. «On a également enregistré une dizaine de blessés dont certains, touchés gravement, ont été évacués à Ouagadougou pour des soins appropriés», a-t-il poursuivi. Des sources sécuritaires jointes par l’AFP ont confirmé les deux «attaques djihadistes» sans donner de bilan précis, évoquant seulement «de nombreuses pertes parmi les éléments de sécurité». Deux autres incidents liés à des groupes armés djihadistes ont été enregistrés jeudi, selon d’autres sources sécuritaires. Dans la province du Sanmatenga (centre-nord) une équipe mixte composée de militaires et de VDP a été «prise à partie» à Zincko, indique l’une d’elles. «Une dizaine de terroristes ont été neutralisés (tués, ndlr). Malheureusement, quatre civils ont également péri», précise cette source. Enfin, dans la soirée, plus au sud, des hommes armés ont fait incursion dans la ville de Sanaba, dans la province des Banwa, tuant huit civils.
La commune de Sanaba est située à quelques kilomètres de Solenzo, dont l’armée avait annoncé la reconquête fin décembre face aux groupes djihadistes. C’est à Solenzo que le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait livré son message de fin d’année. Vendredi après-midi, les autorités de Ouagadougou n’avaient pas réagi à cette série d’attaques qui ont touché le pays la veille.
Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes djihadistes liés à Al Qaîda et à l’Etat islamique qui se multiplient. Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés. La semaine dernière, une soixantaine de femmes ainsi que des nourrissons ont été enlevés près d’Arbinda, dans le nord du Burkina, par des djihadistes présumés. Des recherches, terrestres et aériennes, ont été lancées pour les retrouver. Une partie du pays, notamment la région du Sahel où se trouve Arbinda, est depuis plusieurs mois sous blocus des groupes djihadistes et les localités sont difficilement ravitaillées en vivres. Le capitaine Ibrahim Traoré, président de transition issu d’un coup d’Etat militaire le 30 septembre – le deuxième en huit mois – s’est donné pour objectif «la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes». Ces derniers mois, les autorités ont plusieurs fois affirmé leur volonté de renforcer leurs liens avec la Russie, notamment dans la lutte contre les djihadistes. La France, qui compte un contingent de quelque 400 forces spéciales au Burkina, est de plus en plus contestée. Hier, une manifestation contre la présence française, la troisième depuis octobre, a rassemblé plusieurs centaines de personnes dans la capitale Ouagadougou. Les manifestants réclament notamment le départ de l’ambassadeur de France, Luc Hallade, et des forces spéciales. Le pouvoir a, par ailleurs, lancé fin 2022 une campagne de recrutement de nouveaux supplétifs pour aider l’armée dans sa lutte contre les djihadistes. Sur des besoins estimés à 50 000, 90 000 personnes se sont inscrites. Les VDP reçoivent pour l’instant une formation civique et militaire de 14 jours avant d’être armés et dotés de moyens de communication. Ils paient un lourd tribut dans les attaques des djihadistes qui contrôlent 40% du territoire burkinabè.