Plus que jamais, le football algérien est en danger. Ce qui s’est passé lundi lors de la réunion du Bureau fédéral (BF) se passe de commentaires.
Alors que toute l’Algérie du football ne s’est pas encore relevée de la désillusion causée par l’élimination prématurée de l’équipe nationale de la CAN-Cameroun 2021 et le grand défi qui se profile à l’horizon de mars 2022, la qualification à la Coupe du monde de la FIFA Qatar 2022, des échos pas du tout encourageants émanent de la Fédération et plus particulièrement du bureau fédéral, «organe stratégique exécutif et de supervision de la FAF».
Celui-ci ne renvoie pas l’image d’un organe qui veille à la bonne santé du football algérien. Bien au contraire. Ce qui s’est passé lundi illustre le propos. Alors que l’opinion sportive était branchée sur ce qu’allait dire et faire le bureau fédéral au cours des deux mois à venir, avec les enjeux qu’il est inutile de rappeler, le président de la Fédération et les membres du bureau fédéral se sont lancés dans un énième bras de fer motivé par des mobiles et motivations sans aucun rapport avec la brûlante actualité d’un lendemain, peu glorieux, d’une sortie de route fracassante de la CAN 2021.
C’est simple, la réunion du bureau fédéral s’est achevée en queue de poisson quelques instants seulement après l’entame de la seconde et plus importante partie de la réunion statutaire. Après le départ des présidents de ligues et le déjeuner servi sur place, les membres élus du bureau fédéral ont ouvert la séance par un point d’ordre. Le rapport de la réunion précédente (décembre 2021) devait être adopté avant d’entamer les points inscrits à l’ordre du jour. Un membre du bureau fédéral a fait remarquer qu’un point adopté lors de la dernière réunion ne figure pas sur le rapport présenté pour adoption. D’autres voix se sont jointes à la première pour demander son inscription sur le document avant son adoption.
A partir de cet instant, tout est parti en vrille. Selon gorge profonde, «le président de la Fédération a semblé étonné de la demande formulée par ses pairs. A priori, la non-inscription du point soulevé dans le rapport de la réunion du bureau fédéral précédent était son œuvre. Il ne voulait pas qu’il apparaisse dans le document et soit exécuté». Il s’agit de quoi ?
Réponse de gorge profonde : «Les membres du bureau fédéral avaient adopté une résolution qui avait pour objet de mettre fin aux fonctions de la directrice des finances et de la comptabilité à la Fédération». Cette résolution n’a pas été avalisée par le président. Des membres lui ont signifié que par son attitude il les défie. Chose qu’ils n’ont pas accepté et ils le lui ont fait savoir sèchement. Un membre lui a dit : «Président, vous avez une voix comme nous tous. Vous devez vous soumettre à la majorité». Le président, en colère, a quitté la salle et la réunion ne s’est pas poursuivie.
Voilà le travail qu’abat le bureau fédéral depuis son élection le 15 avril 2021. Alors que les Algériens sont suspendus aux actes, décisions et à la stratégie de la Fédération en prévision du rendez-vous capital des Verts contre les Lions Indomptables, en aller-retour en mars prochain, les membres du bureau fédéral se chamaillent pour le renvoi, ou le maintien, d’une employée de la Fédération. C’est dramatique, mais malheureusement sans surprise.
Depuis 10 mois qu’il est en fonction, le bureau fédéral conduit par le président Charaf Eddine Amara a passé son temps à compter les missions et les frais de mission. Dix mois de présence à la tête de la Fédération sans qu’un seul des onze points du programme sur lequel il a été élu au printemps dernier n’ait connu le moindre début d’exécution.
L’image que le BF renvoie est celle d’un groupe hétéroclite, sans vision commune, et surtout sans réel projet pour le football algérien. L’ingénieur de ce casting désastreux n’a pas à être fier de son œuvre macabre et dévastatrice. On ne parle là que de ce qui est apparent en surface. Ce qui se passe dans le football et à la Fédération est lamentable et n’augure rien de bon.