Brésil : beach tennis, les pieds dans le sable entre les tours de Sao Paulo

26/01/2023 mis à jour: 17:03
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D’une frappe ajustée, Rodrigo de Nascimento expédie la balle à l’angle opposé du terrain de sable, trompant son adversaire. Il profite d’un dimanche dans une ambiance de plage, à quelques rues de l’avenue Paulista hérissée de gratte-ciels, au coeur de Sao Paulo. «Le beach tennis est devenu la plage du pauliste», dit à l’AFP cet avocat de 33 ans, pieds nus et en short, habitant de la plus grande métropole d’Amérique latine, qui n’est pas près de la mer et n’a pas de plage. La pratique de sport a explosé ces dernières années, offrant aux Paulistes des classes supérieures et moyennes la possibilité de rompre avec la routine dans la ville de 12 millions d’habitants. «Bien qu’étant né en Italie, le beach tennis a une saveur brésilienne, avec la plage, le soleil, la musique... et c’est pour cela que ça marche ici», explique Nascimento, qui joue jusqu’à cinq fois par semaine. C’est cette ambiance balnéaire qui plaît aussi à Nile Mannrich, qui s’est initiée au beach tennis il y a deux ans pendant ses vacances et n’a plus laissé sa raquette depuis. «Quand on passe 12 heures par jour dans un bureau à Sao Paulo, avoir la possibilité de faire un sport les pieds dans le sable est très gratifiant», dit cette cheffe d’entreprise de 55 ans, débardeur rose, jupe assortie et lunettes de soleil réfléchissantes. «Le beach tennis est un mélange de tennis traditionnel, de beach volley et de badminton», qui peut se jouer en simple, mais le plus souvent en double, et nécessite juste une bonne coordination, explique Roberto Fadul, directeur de la branche beach tennis à la Fédération pauliste de tennis (FPT). «Il n’y a pas d’obstacle technique qui demanderait des mois de pratique», assure Fabio Costa, propriétaire du BZ Beach Club, dans le quartier aisé de Jardins. Des dizaines de joueurs, novices comme chevronnés, occupent le terrain de sable ou le café attenant. Entre les matches, ils discutent, mangent ou boivent au rythme de la musique. Cet aspect de sociabilité explique aussi «la fièvre» du beach tennis, dit Costa. Le nombre de terrains est passé à Sao Paulo d’une centaine en 2019 à environ 500 aujourd’hui, selon la FPT. Adriana Visconti, cadre dans le marketing de 35 ans, partage sa table avec un groupe d’amies. «On est là depuis ce matin, on se repose, on mange quelque chose, c’est un bon endroit pour rencontrer des gens dans une ambiance détendue», dit-elle.  «C’est comme si c’était un dimanche à la plage», ajoute cette femme à la queue de cheval blonde, qui porte une visière grise. Sauf qu’elle joue sur un sable spécialement traité pour ne pas trop chauffer et brûler les pieds avec les chaleurs tropicales. Elle a commencé à jouer durant la pandémie de Covid-19, quand les clubs et gymnases étaient fermés à Sao Paulo, qui a payé un très lourd tribut à la crise sanitaire. Avec un abonnement mensuel de 200 à 400 réais (35 à 70 euros) acquitté par les joueurs, l’investissement initial du club -- c’est surtout le sable qui est cher -est vite remboursé, dit Costa.  Il pense qu’au-delà de l’effet de mode, le beach tennis a un grand avenir devant lui.

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