Boumerdès : La commune de Taouarga veut sortir de l’ombre

30/05/2022 mis à jour: 12:10
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Photo : El Watan

La filière de l’aviculture fait travailler 70% de la population locale.

Point de passage de plusieurs civilisations, la commune de Taouarga subit aujourd’hui de plein fouet les effets de son éloignement des grands centres urbains. Et de décision. Située à l’extrême-est de Boumerdès, elle est l’une des localités les plus isolées de la wilaya. Pour y aller, le visiteur aura le choix de passer soit par la route du littoral via Afir, soit par la RN12 et Baghlia.

Mais dans les deux cas, la mission n’est guère facile tant l’état des routes est catastrophique. «C’est notre plus grand souci», dira Mouloud Krim, un enseignant natif de cette région au riche passé historique. Taouarga, «Fourmilière» en tamazight, s’appelait au temps des Phéniciens Tigisis. Les Romains étaient installés sur les hauteurs de Bourchicha où ont été découverts d’importants vestiges archéologiques qui, malheureusement, sont abandonnés.

En 1892, les archéologues Lacour et Turcat y ont trouvé des bifaces et autres objets  très anciens, précise Hamoud Ibaouni qui  mène des recherches sur l’histoire de la région. La localité est connue aussi pour avoir été le théâtre de plusieurs batailles contre les  occupants turcs et français.

Entre autres noms qui font la fierté de ses habitants, on peut citer Aomar Ben Mahieddine et ses fils, chefs des Iflissen Umellil, Omar Boudaoud, responsable la wilaya 7 historique, Arezki Toumi, Benzaid Arezki et bien d’autres martyrs qui ont sacrifié leur vie pour l’Indépendance de l’Algérie. Aujourd’hui, les habitants attendent beaucoup des autorités.

3 milliards en PCD

Au centre-ville, une dizaine de familles occupent à ce jour de minuscules habitations datant de l’époque coloniale. Pas loin d’ici, 42 logements neufs tardent à être distribués tandis que d’autres (50+50) sont en chantier depuis plusieurs années. Faute de terrain, un autre programme de 50 unités a été annulé, précise le P/APC qui signale au passage de l’insuffisance des aides du Fonal. «Cette année, on nous a accordé 10 aides pour 300 demandes», dira-t-il.

Les routes desservant la localité sont à la limite du praticable. Sur le CW 152, le ballet des camions est incessant. Pour une personne étrangère à la région, le fait est curieux. Mais ce trafic dénote de l’existence d’une activité économique qui s’y développe en catimini.

Il s’agit de l’aviculture, une filière qui fait travailler 70% de la population locale, estime Mouloud. Les poulaillers et autres unités de production de poussins et de transformation de l’aliment de volaille se comptent par dizaines. «30 ou 40% du poulet qui se vend sur le marché national sort de chez-nous. Nous avons des clients des 48 wilayas», assure un habitant. Ici, l’aviculture semble profiter à tout le monde sauf  aux caisses de la collectivité.

Un élu à l’APC affirme que 80% des professionnels de la filière travaillent au noir. Ce qui n’est pas sans conséquence sur le développement local. Selon le maire, 50% des foyers de la commune utilisent encore les fosses septiques.

Le programme des zones d’ombre n’a pas changé grand-chose au vécu des habitants des villages enclavés. Si le secteur de la santé est bien loti en termes d’infrastructures, ce n’est pas le cas de celui de la jeunesse et des sports. «Nous avons des champions d’Algérie dans plusieurs disciplines. Néanmoins, mise à part la maison de jeunes, nos sportifs n’ont aucune autre structure où ils peuvent s’entrainer», se plaint Samih Bouyahiaoui.

Après des années de blocage, la population se réjouit enfin de l’arrivée du gaz. Reste les problèmes d’AEP et d’assainissement qui perdurent à ce jour. Cette année, l’APC a obtenu près de trois milliards dans le cadre des PCD. Le P/APC affirme que le gros de cette somme profitera aux localités subissant les pénuries d’eau potable, à l’instar de Bouhsiène, Aïn Hadjadj et Tingrine.  

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