La région d’Ath Laâziz est un haut-lieu de l’Histoire et de la résistance et qui a payé un lourd tribut pour l’indépendance du pays.
Les séquelles et les plaies laissées par la période coloniale chez les Algériens s’avèrent indélébiles même soixante ans après l’indépendance. Dans la commune d’Ath Laâziz, une localité de haute montagne, à une quinzaine de kilomètres au nord de Bouira, les restes des ossements de trois Chouhada identifiés de la Guerre de libération nationale ont été exhumés vendredi dernier en présence d’une foule nombreuse de villageois et des autorités locales.
L’opération d’exhumation, initiée par l’association à caractère social du village Iguellathen en associant la direction locale des Moudjahiddine, a été entamée il y a une semaine. Les ossements appartiennent à sept martyrs exécutés en juillet 1956 au village Izouad, a témoigné Belkacem Guellal, un habitant de la région.
Il s’agit, selon ce témoin, ayant vécu cette tragédie qui s’ajoute à une longue liste des massacres de l’occupant français, de 7 villageois qui ont été enterrés vivants après avoir subi les pires formes de torture. «Les soldats de l’armée coloniale donnaient de l’eau mélangée à du sel à chacun des martyrs en les obligeant à creuser leurs tombes», dit-il. Les corps des sept martyrs issus des familles Guellal (6) et Abdellaoui (1) ont été jetés par les soldats de l’armée coloniale dans une fosse commune.
Les noms des martyrs sont Guellal Belkacem, Guellal Slimane, Guellal Larbi, Guellal Mohamed, Guellal Slimane dit Mouris et Abdelaoui Ali. «En procédant à l’opération d’exhumation des restes de nos chouhada, jetés vivants dans une fosse qu’eux-mêmes ont creusée, est un devoir de mémoire envers eux», a-t-il ajouté en larmes. La qualité de martyrs a été, faut-il bien le souligner, reconnue difficilement.
Dans la région, les demandes émanant surtout par les associations activant dans le domaine de l’histoire se référant aux archives et autres vieux documents appuyés par des témoignages vivants, visant à exhumer d’autres ossements de martyrs de la Révolution sont en attente du feu vert des autorités officiels. Engagés au cours de la lutte de libération nationale, plusieurs batailles ont été signalées dans la région.
Pour Boudina Belkacem, membre très actif de l’association Iras (les lions, ndlr) activant dans le domaine de l’histoire et de la culture, le 1er Novembre 1954 «fut un long processus de luttes et de militantisme ayant conduit au déclenchement de la Révolution». «Sur les hauteurs de notre commune, un moudjahid, identifié même au nom de Tahir Said torturé puis tué par les soldats de l’armée coloniale, a été jeté dans l’oued. Nous avons des documents et des témoignages.
La procédure visant l’exhumation de ses ossements est en cours», a précisé Boudina Belkacem relatant au passage les nombreuses batailles, documents à l’appui, opposant l’armée coloniale et les résistants de la région bien avant le déclenchement de la Guerre de libération de 1er novembre.
A l’occasion des festivités commémoratives du 60e anniversaire de l’indépendance du pays, plusieurs activités commémoratives ont été prévues. «Des noms de 10 moudjahidine de notre région tombés au champ d’honneur en 1956 au lieudit Assif Ath Oulhadj dans la commune d’Ath Vouaddou (Tizi Ouzou) seront inscrits sur la stèle portant les noms des Chouhada», a-t-il indiqué. Il faut préciser que l’opération d’exhumation des ossements des sept martyrs se poursuit toujours.
Le P/APC de la commune d’Ath Laâziz, l’association du village Iguellathen et même la direction des Moudjahidine se sont mis d’accord pour qu’une stèle soit réalisée au même endroit où les sept martyrs ont été exécutés. La date de ré-inhumation des restes des martyrs de la Révolution sera fixée dès l’achèvement des opérations de recherche et des procédures administratives qui s’imposent.