Bouira : Des propositions pour booster le secteur

28/03/2022 mis à jour: 18:06
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Les interventions des spécialistes ont été denses et enrichissantes / Photo : D. R.

Conscients du fait que le tourisme de montagne est porteur de richesses et pouvant aussi fixer des populations en milieu rural en cette période où l’économie du pays est fragilisée, une journée d’étude portant sur le thème de «l’écotourisme, un outil de développement locale» a été organisée samedi dernier au centre national des sports et loisirs de Tikjda. A l’initiative d’une agence de communication, cette journée d’étude a suscité un intérêt particulier eu égard à la qualité des communications présentées mais aussi des participants.

«Comment développer cette filière, tout en respectant le couvert végétal ?» est la question essentielle autour de laquelle a été axée l’intervention des professionnels et des experts dans un cadre agréable où en plus des opérateurs privés du domaine, il y eu la présence du premier responsable de la wilaya qui n’a pas manqué d’apporter son soutien à cette initiative. Mlle Hektiten Keltouma, Conservateur divisionnaire au Parc national du Djurdjura, (PND), a présenté une communication portant sur «Le tourisme durable, une obligation et une nécessité».

La conférencière a retracé l’historique du tourisme en général et a tenu à insister sur l’importance de protéger l’environnement, et ce, pour donner à ce secteur les meilleures chances d’épanouissement. Pour M. Aïssa Adjoudj, directeur du complexe thermal Faraksen dans la commune d‘El Hachimia, «l’écotourisme connaît, dans beaucoup de pays, une croissance annuelle déclarée supérieure à 20%». Pour le cas de notre pays, le conférencier a estimé qu’en l’absence de statistiques et de données fiables à ce sujet, la situation ne permet pas d’évaluer ce taux.

Néanmoins, dit-il, «l’engouement pour les activités de plein air comme les randonnées en montagne, les sports d’escalade et les campagnes cynégétiques attestent d’une adhésion remarquable appelée à s’élargir. Il est évident que les chiffres annoncés traduisent une tendance, des attentes et des aspirations propres à orienter l’activité touristique traditionnelle vers de nouvelles pratiques et de nouveaux services nécessitant des projections prospectives pour la définition des moyens et des procédures d’organisation idoines à mettre en œuvre». Cette intervention traduit le souci des autres opérateurs qui dans les débats n’ont pas manqué d’apporter leur point de vue sur un contexte économique difficile qui vient compliquer la situation.

Des contraintes à lever

Sur un autre plan, les représentants du cabinet des experts (CIExpert d’Alger) ont mis en garde l’ensemble des opérateurs par rapport à l’inefficacité de leur manière d’agir individuellement. Pour Mlle Karima Benrabah, ce secteur ne peut évoluer sans qu’il ne soit organisé en filière. A cet effet, elle a énuméré un ensemble de conditions qu’il y a lieu de satisfaire pour mener à bien une conduite de changement du contexte au sein duquel évolue cette dynamique.

«Il faut d’abord dégager un centre d’intérêt commun aux acteurs pour investir ensemble pour des solutions viables à travers un cadre d’organisation complémentaire», a-t-elle préconisé. Les contraintes qui s’imbriquent avec les opportunités offertes par la nature ne peuvent être dénouées qu’à travers le traitement global du contexte.

Détaillant une intervention portant sur «le rôle de l’écotourisme dans le développement local», Akli Moussouni est catégorique. «On a perdu le couvert végétal parce que tout bonnement on ne l’exploite pas», a-t-il asséné. Tout en exposant les données d’une étude réalisée récemment sur le potentiel d’écotourisme de la wilaya de Bouira et les régions limitrophes, Tizi Ouzou, Béjaia et Bordj Bou Arréridj, M. Moussouni a fait part de la possibilité de dégager un circuit touristique de 300 km à travers une quarantaine de sites potentiels à valoriser.

Pour lui, la carence et la défaillance de certaines réglementations n’autorisent pas une exploitation potentielle de la biodiversité. Pire que cela, selon lui, l’interdiction d’opérer dans les zones dites «protégées», non seulement a soumis ces zones à une dégradation perpétuelle, mais aussi, pour ne les avoir pas valorisées, elles sont livrées à «une exploitation frauduleuse anarchique et aux incendies, dont les conséquences ne sont autres qu’une déperdition de la moitié du couvert végétal du pays».

Ces endroits féeriques, favorables à la pratique du tourisme de montagne (sports d’hiver, randonnées pédestres, l’alpinisme et spéléologie) constituent donc un patrimoine à mettre en valeur pour contribuer à la diversification de l’économie nationale. C’est l’idée générale qui est ressortie de cette rencontre pourvu que soit dégagée une démarche à laquelle elle compte faire adhérer pleinement toutes les parties, qu’elles soient publiques ou privées. 
 


 

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